Les déboires de la Samir n'en finissent pas. Dernier en date: l'une de ses dix filiales, la Société de distribution de carburants et de combustibles (SDCC), dépose plainte contre Mohamed El Krimi, l'expert-comptable désigné en mars par le tribunal de commerce de Casablanca pour remettre sur pied la compagnie, à travers un plan de trois mois. C'est donc dans ce contexte qu'a atterri l'assignation en justice dont fait l'objet le syndic, souligne L'Economiste dans son édition du 19 avril.
Parmi les reproches faits à Mohamed El Krimi: le fait de “s'immiscer dans la gestion” de la SDCC. L'entreprise se déclare d'ailleurs “surprise de l'intervention du syndic dans ses affaires,” de sa tendance à “s'adresser aux salariés” et à “exiger d'eux qu'ils se conforment à ses directives”, après la mise en liquidation judiciaire de la maison-mère. Parmi ses arguments: la relativité des effets d'une décision judiciaire, l'indépendance financière des deux structures et l'absence d'un jugement d'extension de la liquidation aux filiales. D'après la SDCC, donc, l'intervention du syndic est à ce titre injustifiable, d'autant plus que la SDCC est une entité distincte de la maison-mère. D'ailleurs, les titres de la SDCC sont des garanties destinées à ses créanciers et non à la société-mère.
Or, selon Mohamed El Krimi, “l'avocat peut dire ce qu'il veut”, il est certain d'être dans son droit. “La Samir administre la SDCC et moi j'agis selon la loi. Rien que la loi”, tient-il à préciser.
La société plaignante est une filiale à 100% de la compagnie pétrolière. Son entrée en scène redimensionne le débat judiciaire. Surtout que le jugement de liquidation a fait l'objet d'un recours en appel. Une audience a été fixée pour le 4 mai 2016. Que va faire le syndic? Il peut désigner un avocat ou choisir de répondre lui-même à ses détracteurs.
En attendant, le nœud du problème réside dans cette question: la liquidation judiciaire d'un groupe peut-elle être étendue à ses filiales? Selon une source de l'Economiste “l'extension n'est pas automatique. (…) N'empêche que lorsqu'une maison-mère est décapitée, il arrive souvent que ses filiales soient aussi atteintes financièrement”.