Les hôpitaux sont en détresse et la formation médicale en danger. C’est en tout cas le constat sans appel que dressent plusieurs professionnels du secteur dont L’Economiste, dans son édition du 2 juillet, se fait l’écho. Ainsi, le budget, bien qu’en constante augmentation (13 milliards de DH en 2014 contre 5,5 en 2004), représente seulement 5% du budget de l’Etat. Un niveau non seulement très bas comparativement aux autres pays de la région, mais qui, de plus, ne respecte pas les 8% minimum recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Cette faiblesse du budget impacte négativement le secteur de la santé, à commencer par la formation et le recrutement de personnel. Ainsi, le Maroc affiche une faible densité d’environ 6,2 médecins pour 10.000 habitants. Le même constat s’applique au personnel infirmier qui est de près de 8,9 infirmiers pour 10.000 habitants contre 15 en Arabie Saoudite et 23 pour le Bahreïn. Le nombre de postes budgétaires a connu un accroissement de 15% entre 2012 et 2013, passant de 2.000 à 2.300 postes. L’année 2014 enregistre pourtant une baisse qui la ramène au niveau de 2012. Le manque de ressources humaines est aggravé par une disparité géographique, puisque 45% des médecins du pays exercent sur l’axe Casa-Rabat, contre 24% dans le monde rural.
La généralisation de la couverture médicale, quant à elle, nécessite encore de gros efforts avant sa réalisation. Le Ramed couvre 8,5 millions de citoyens marocains, soit 28% de la population, auxquels s’ajoutent 34% déjà couverts par l’AMO. Ainsi, 40% de la population, notamment les étudiants de l’enseignement supérieur public et privé, les travailleurs indépendants et les professions libérales, n’est toujours pas intégrée au système, malgré l’engagement pris par le gouvernement dans ce sens. D’ailleurs, en ce qui concerne les étudiants, un projet de loi serait actuellement en discussion au sein du Parlement et devrait être mis en place dès la rentrée prochaine.
Une généralisation de la couverture médicale va, à coup sûr, générer plus de demandes de soins. Au seul niveau du Ramed, on enregistre déjà une augmentation de 56% au niveau des consultations et des hospitalisations et de 40% pour les accouchements, ce qui fragilise le maigre équilibre des soins médicaux. Résultat: l’accueil et la qualité des soins font l’objet de critiques toujours plus virulentes qui ont forcé, par exemple, la Cnops et la CNSS à se rabattre sur les cliniques privées au détriment des établissements publics.
Dans l’avenir, cela pourrait donc pousser les «Ramédistes» à prendre d’assaut les hôpitaux publics et les patients des régions éloignées à privilégier les CHU, normalement destinés aux pathologies lourdes et à la recherche scientifique. Pour pallier à cette problématique, Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement, a promis une enveloppe d’1 milliard de DH pour fournir les hôpitaux en équipement biomédical et leur permettre de répondre à l’accroissement de la demande. Entre 2012 et 2014, enfin, 74 nouveaux établissements de santé dont le CHU d’Oujda, 7 hôpitaux provinciaux et 45 établissements de soins de santé de base, ont été mis en service à travers l’ensemble du royaume. Deux futurs CHU sont prévus également à Tanger et Agadir, tandis que la reconstruction du centre hospitalier Ibn Sina est prévue, à Rabat, pour une enveloppe de 2 milliards de DH. Deux hôpitaux préfectoraux devraient également être construits à Salé et Témara.