Les banques au Maroc sont confrontées à un affaiblissement de la qualité des prêts accordés, à cause des effets de la pandémie du coronavirus sur la solvabilité des ménages et des entreprises. Et les créances en souffrance (CES) continuent de grimper, inexorablement.
Au cours du mois d’octobre, l’encours des créances en souffrance détenues par les établissements bancaires au Maroc s’est encore alourdi de 670 millions de dirhams par rapport au mois précédent. A fin octobre 2020, le portefeuille des créances en souffrance détenu par les banques atteint 79,69 milliards de dirhams, en hausse significative de plus de 10 milliards de dirhams en un an, soit +14,3%.
Rapporté à l’encours total des crédits bancaires de 936 milliards de dirhams, le taux de créances en souffrance du secteur bancaire ressort, à fin octobre 2020, à 8,53%, contre seulement 7,6% au début de l’année. La hausse des CES concerne aussi bien les prêts aux entreprises que ceux aux ménages. Pour les premiers, l’encours des CES atteint près de 47,7 milliards de dirhams, en hausse de 12,7% sur une année glissante, tandis que pour les seconds, l’encours est supérieur à 33,5 milliards de dirhams, en progression de 16,2% en glissement annuel.
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Cette hausse continue des créances en souffrance et des impayés oblige les banques à augmenter de manière spectaculaire leur provision pour risques d’impayés. Mohamed El Kettani, PDG d’Attijariwafa bank, cité par le Financial Times dans un article consacré au secteur bancaire marocain, souligne ainsi que les provisions constituées par la banque qu’il dirige ont augmenté de 239% à fin septembre 2020 par rapport à fin septembre 2019, pour atteindre la coquette somme de 4,6 milliards de dirhams.
Et de préciser que «cette hausse importante des provisions n’est pas tant liée à une progression des impayés qu’au fait que nous avons révisé nos modèles de risque et prévoyons, à l'avenir, une augmentation des probabilités de défaut, et un recouvrement des créances douteuses plus lent».
De son côté, Kamal Mokdad, directeur général de la Banque centrale populaire, cité par la même publication, affirme que «les mesures prises par le gouvernement et la banque centrale ont évité un flot de créances douteuses et devraient aider les entreprises à résister à ce choc économique violent sans prise de risque excessive des banques».
Pour les trois plus grandes banques du Royaume, à savoir Attijariwafa bank, BCP et Bank of Africa, les risques sur la solvabilité des emprunteurs proviennent aussi des pays d’Afrique subsaharienne où elles sont implantées. Selon l’agence Moody’s, ces pays présentent des environnements opérationnels plus vulnérables qu’au Maroc, et contribueront également à la détérioration de la qualité des actifs.
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Les banquiers marocains sondés par le Financial Times estiment toutefois que les risques varient selon les marchés africains. Comme l’explique Kamal Mokdad, en Afrique de l'ouest, les économies devraient montrer une certaine résilience, avec une croissance lente en 2020, tandis que les pays exportateurs de pétrole, essentiellement le Congo et le Cameroun, devraient connaître une récession en 2020, étant donné la chute des cours du pétrole.
Il faut noter toutefois que malgré cet environnement porteur de risques, le wali de la banque centrale, Abdellatif Jouahri, a estimé récemment que «les banques continuent d'afficher des fondamentaux solides au regard des indicateurs et ratios de liquidité, de rentabilité et d'adéquation des fonds propres».
Un stress-test (ou «test de résistance», un exercice qui consiste à analyser les impacts d'une détérioration importante des conditions économiques sur les bilans bancaires), couvrant les principales banques marocaines, avait démontré, en juin dernier, la capacité du secteur bancaire nationale à absorber le choc.
Pour éprouver cette résilience, un deuxième stress-test sera mené d’ici à la fin d’année, en prenant en considération un scénario de choc extrême.