Afin d’atténuer l’impact de la hausse du coût des matières premières sur le prix de vente des huiles de table aux consommateurs, le gouvernement a décidé de suspendre les droits d'importation applicables aux graines oléagineuses et les huiles brutes de tournesol, de soja et de colza, depuis le 3 juin 2022.
Si les acteurs du secteur saluent cette initiative, son impact demeure néanmoins limité sur les prix de vente au consommateur final, en raison notamment de la structure des importations marocaines, essentiellement exonérées de droits de douanes.
En effet, selon les données recueillies auprès des professionnels, 80% des importations du Maroc en huiles brutes sont en provenance des pays signataires des accords bilatéraux signés par le Royaume, notamment les Etats-Unis et l’Europe et sont donc assujetties à 0% de droits de douane. Le reste des importations, soit 20%, proviennent essentiellement des pays comme l’Argentine, l’Ukraine avec des droits de douane de 2,5%.
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Dans le contexte actuel de hausse continue des cours des intrants, l'impact de la suspension des droits de douane demeure donc minime et ne pourra se refléter que de manière très peu significative sur les prix et le pouvoir d’achat des ménages.
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Pour donner un ordre de grandeur, en 2021, l’origine Europe a représenté 80% des importations du Maroc en huile tandis que l’origine argentine n’a représenté que 20% du total des importations en soja du Maroc.
Les 2,5 % de droits de douanes appliqués aux importations argentines ont ainsi un impact direct de 300 dirhams par tonne, soit 30 centimes par litre d’huile composée à 100% d’intrants argentins. De manière générale et sur une base d’importations à 80 % d’Europe et 20 % d’Argentine, le surcoût lié aux droits de douanes appliqué est de l’ordre de 10 centimes.
Il va de soi que la suspension des droits de douanes, décidée par le gouvernement et applicable aux graines oléagineuses, huiles brutes de tournesol, soja et colza, permettra de faire baisser les prix de vente aux consommateurs de près de 10 centimes par litre aux huiles d’origine multiples et de 30 centimes par litre aux huiles originaire à 100% d’Argentine, d’Ukraine ou d’autres pays non concernés par les accords de libre-échange.
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La décision de suspension des droits de douanes n’aura donc pas d’impact significatif immédiatement, mais pourra néanmoins participer à terme à rendre le marché plus compétitif à l’importation grâce à la diversification des partenaires.
L’avenir du marché des huiles au Maroc passe toutefois par une souveraineté nationale en termes de culture et de trituration des graines oléagineuses. A ce titre, l’association des producteurs d’huile au Maroc travaille conjointement avec le gouvernement pour mettre en place les mécanismes nécessaires en vue de produire le maximum de graines oléagineuses localement. Le but étant de protéger, à terme, le Maroc contre la flambée des prix sur le marché international.
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A noter que cette hausse des intrants dure depuis mars 2020, à cause de la crise pandémique, mais également sous l'effet du changement climatique qui a rendu défavorable la plantation des graines oléagineuses dans plusieurs régions du monde.
La guerre en Ukraine a également joué un rôle important dans le renchérissement des cours de cette matière essentielle à l’alimentation des Marocains, le pays étant le principal producteur européen d’huile de tournesol, ce qui a induit une flambée de l’huile végétale combinée à une indisponibilité des huiles au niveau mondial, sans oublier le prix du pétrole qui a fait monter en flèche les coûts logistiques et du fret maritime.