Le Parlement européen et les Etats membres de l'UE ont annoncé la semaine dernière s'être entendus pour adopter le mécanisme visant à appliquer des «droits à polluer» aux importations européennes. Communément appelée taxe carbone, cette mesure concernera les secteurs jugés les plus polluants, notamment le secteur de l’acier, celui de l’aluminium, du ciment, des engrais, de l’électricité, mais aussi de l’hydrogène.
Une période test commencera dès octobre 2023, durant laquelle les entreprises importatrices devront simplement rapporter leurs obligations, pour une entrée en vigueur effective et graduelle à partir de 2026.
Interrogé sur la capacité de l’industrie nationale à répondre aux nouvelles exigences européennes en termes de décarbonation, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a assuré, lors de son passage à l’émission Grand Format-Le360, de la mobilisation de l’ensemble de l’écosystème pour éviter de pénaliser les exportateurs marocains.
Le ministre de l’Industrie a affirmé dans ce sens que le Maroc considère la taxe carbone comme un avantage plutôt qu’un inconvénient qui permettrait aux industriels marocains de mieux se positionner par rapport à ses concurrents. «Il ne faut pas voir ce mécanisme comme quelque chose de lourd à porter par nos industriels, il faut le voir comme un avantage pour éliminer de la concurrence», a-t-il souligné.
Certes les détails de ce dispositif n’ont toujours pas été dévoilés, mais Ryad Mezzour a noté que si les émissions carbone de la chaîne logistique sont également concernées, le Maroc devrait en tirer grandement profit, grâce à sa proximité géographique du vieux continent contrairement aux autres partenaires de l’Europe.
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Le ministre de l’Industrie a ainsi expliqué que les grands groupes, à l’image des constructeurs automobiles ont déjà réussi leur transition verte et qu’un effort considérable est fourni pour accompagner les petites et moyennes entreprises à relever les nouveaux défis écologiques.
«Les multinationales se sont engagées avec leurs moyens et ont déjà atteint leurs objectifs de décarbonation. Quand on prend l’exemple de l’usine Renault à Tanger, son empreinte carbone est égale à zéro (…). Pour accompagner la transition verte de nos PME, nous avons mis en place, depuis deux ans, le programme Tatwir Croissance Verte, qui accompagne les entreprises au niveau de la réalisation des études de décarbonation à hauteur 90% du montant et jusqu’à 30% du montant d’investissement», a expliqué Ryad Mezzour.
Et d’ajouter: «Nous avons encore des choses à faire. Nous n’avons pas encore fini le travail, mais nous avons des places à prendre».