Le tourisme est en mal de compétences. En plein essor après deux années de vaches maigres, le secteur fait face à une véritable pénurie de ressources humaines, indique le quotidien L’Economiste.dans son édition du 16 août. Que ce soit dans l’hôtellerie ou la restauration, «la main-d’œuvre manque chez de nombreux acteurs», indique le quotidien. A Marrakech, la saison d’automne-hiver, la plus importante période touristique, approche et la demande qui ira avec ne fera que renforcer une tension déjà palpable.
En cause, «après deux ans de crise et de fermeture d’établissements, les bons profils se sont tournés vers d’autres services, notamment les banques et les assurances, et ont bien réussi leur conversion», lit-on. A cela s’ajoutent des raisons plus structurelles: manque de formation, manque de motivation et manque de plan de carrière. «Globalement, les métiers du tourisme ont négligé la valorisation des carrières et les jeunes ont fini par les prendre comme solution de dépannage», regrette Imane Rmili, présidente de la Fédération nationale des restaurants touristiques, citée par l’Economiste.
Le secteur paie aussi les frais des stratégies de certains acteurs qui préfèrent les Contrats à durée déterminée (CDD) tout en accordant des salaires bien bas à leurs employés. «Habituées à l’emploi d’une main-d’œuvre non qualifiée, l’hôtellerie et la restauration doivent changer leur logiciel si elles veulent rester arrimées à la croissance du tourisme. Ces deux métiers sont confrontés à de nouvelles exigences de clients», constate la parution.
Les bons profils se font rares et là encore, ceux-ci sont désormais attirés par les sirènes de l’ailleurs, notamment l’Europe et le Moyen-Orient. L’Economiste parle du Qatar comme nouvel eldorado. En face, certains acteurs des deux secteurs continuent de mépriser la formation.
Dans une interview accordée à Le360, le président de la Confédération nationale du tourisme (CNT) en parlait ouvertement. «Après deux années très compliquées, une partie des travailleurs du secteur ont trouvé d’autres opportunités professionnelles et, depuis, les opérateurs ont du mal à retrouver des compétences au même niveau de celles d’avant la crise. Mais là, il y a deux manières de regarder le problème: c’est définitivement une difficulté pour le court terme, mais surtout une opportunité pour le moyen et long terme», explique-t-il.
Pour lui, «il faut qu’on forme plus de personnes et qu’on améliore l’attractivité du secteur en termes de conditions de travail. Mais cette situation prouve néanmoins que les personnes qui ont été formées pour ce secteur ont développé des soft skills et des compétences en termes de langues, d’attitude, de comportement et de relations commerciales qui sont très demandés sur le marché du travail et qui représentent une véritable force aujourd’hui au Maroc».