Doté de 45 milliards de dirhams, dont 15 milliards issus du Budget et 30 milliards à mobiliser auprès d’investisseurs institutionnels, nationaux et internationaux, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, préconisé par le Souverain et considéré comme le pilier central du plan de relance économique post-Covid, attend toujours son opérationnalisation.
Lors de son passage à l’émission «Grand Format-Le360», Nadia Fettah Alaoui a fourni des explications sur ce «retard», indiquant qu’une réflexion sur la vocation de ce fonds a été menée. «Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement avait été initialement pensé pour une relance post-covid. Chemin faisant, son ambition a grandi, pour être un fonds d’investissement plus pérenne, pour la relance, mais également pour le soutien à l’investissement dans des métiers bien choisis», a-t-elle souligné.
Ainsi, selon la ministre, «cette période où le Fonds n’a pas été opérationnalisé sur le terrain a été mise à profit pour réfléchir à la façon la plus efficace d’impacter l’entreprenariat, l’investissement et le monde de l’entreprise au Maroc».
Cette réflexion se fait sur plusieurs volets, à savoir la gouvernance du fonds, les investisseurs potentiels, qu’ils soient locaux ou internationaux, et les secteurs cibles à accompagner.
«Il y a énormément de travail qui a été fait en interne. Le dialogue est permanent avec l’ensemble de nos partenaires, les investisseurs, les bailleurs de fonds, et les experts qui nous accompagnent pour affiner une feuille de route pour son opérationnalisation», a assuré l’argentière du Royaume.
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Abordant la question du financement via la mobilisation de 30 milliards de dirhams auprès d’investisseurs, Nadia Fettah Alaoui a affirmé que le Fonds Mohammed VI pour l’investissement «suscite l’intérêt des institutionnels marocains et des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux internationaux, qui croient en ce fonds et qui sont déterminés à nous accompagner».
«Il y a un véritable engouement pour ce fonds. Ce qu’il faut, c’est trouver la bonne structuration pour que les ambitions, mais aussi les contraintes qui peuvent être règlementaires ou autres, soient bien prises en compte», a-t-elle indiqué.
L’enjeu, in fine, a expliqué la ministre, c’est certes d’atteindre l’objectif des 45 milliards de dirhams, mais c’est surtout d’aller au-delà, en posant les conditions nécessaires. «L’idée est que ce ne soit pas qu’une contribution en une fois pour donner un coup de fouet à l’économie, mais c’est vraiment construire une industrie de l’investissement qui soit pérenne dans le temps», a-t-elle clarifié.
«Il est extrêmement important de créer les conditions pour ne pas lever que les 45 milliards de dirhams, mais de pouvoir faire plusieurs levées successives. Il y a effectivement de l’appétit du côté des investisseurs pour aller vers ce genre d’instrument et de grandes attentes de la part de l’économie marocaine et des entreprises», a insisté la ministre.
A la question de savoir si elle avait de la visibilité concernant les premiers projets qui seront financés, Nadia Fettah Alaoui a tenu a souligner que le Fonds a déjà réalisé son premier investissement, dans le projet d’usine de vaccin à Benslimane.
«C’est de très bonne augure pour le Fonds, avec un tour de table essentiellement marocain. C’est un chantier stratégique et le Maroc a été précurseur, face à la pandémie, en faisant le choix d’une solution pérenne. On espère que le Fonds sera aux côtés de ce type de projets à l’avenir», a-t-elle conclu.
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Pour rappel, la création du Fonds Mohammed VI pour l’investissement avait été préconisée par le Souverain lors du discours du Trône du 30 juillet 2020. L'objectif principal du fonds, qui se présente comme une holding de participations dont le conseil d’administration est présidé par le ministre de l’Economie et des finances, est de contribuer au financement de grands projets d'investissement et de les accompagner, aux niveaux national et territorial, dans le cadre de partenariats avec le secteur privé. Le fonds vise également à contribuer, par le biais de fonds sectoriels ou thématiques, au capital des petites et moyennes entreprises.
Le fonds entend, par ailleurs, participer directement au capital des grandes entreprises publiques et privées actives dans les secteurs que le fonds juge prioritaires, comme le tourisme, l’industrie, les nouvelles technologies, ou encore les infrastructures. Les critères de sélection des projets reposeront principalement sur l’impact sur l’emploi, tout en accordant une attention particulière au renforcement de la préférence nationale.