Des contrats par ci, des permis par là… De l’exploration dans telle zone, des découvertes dans l’autre secteur… L’Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym) n’est jamais à court d’annonces. Il y a tant d’annonces qu’on pourrait s’y perdre, surtout qu’il y a une distinction à faire entre contrats pétroliers et permis miniers, mais aussi entre les phases d’exploration et celles d’exploitation.
Ce diaporama–vidéo essaie de démêler les deux métiers, et de présenter les derniers chiffres-clés communiqués par l’Office. Une manière de planter le décor.
Vous l’aurez peut-être relevé, les avenants et révisions de contrats sont monnaie courante dans le fonctionnement des partenariats tissés avec l’Onhym.
«Partant des spécificités qui caractérisent la recherche pétrolière, les accords peuvent subir des changements de programmation en fonction des résultats obtenus, phase par phase», nous explique Amina Benkhadra, directrice générale de l’Office. Le Code des hydrocarbures prévoit en fait une période initiale, mais aussi des périodes complémentaires qui donnent une option aux opérateurs de continuer ou de se retirer des projets. Le taux de continuité des opérations n’est pas communiqué par l’Onhym, mais rien que sur l’année en cours, sept avenants sur les 18 accords pétroliers existants ont été ratifiés par Amina Benkhadra.
D’ailleurs, l’Office adapte sa gouvernance en fonction de cette spécificité du secteur. «Nous partons d’un plan quinquennal fixant les orientations stratégiques et les objectifs opérationnels que nous complétons par un plan triennal glissant. Ce dernier, actualisé chaque année, tient compte de l’état des projets engagés en terme de résultats et d’opportunités de maintien ou de sortie», explique Amina Benkhadra, qui a débuté sa carrière en 1982, au Bureau de recherche et de participations minières (BRPM) qu’elle a dirigé et fusionné, en 2005, avec l’Office national de recherche et d’exploitations pétrolières (ONAREP).
Investissements au ralentiSi la fusion de ces deux établissements publics bien sclérosés à l’époque a insufflé une nouvelle dynamique, impulsée par un nouveau Code des hydrocarbures, les performances ne sont pas encore au rendez-vous pour l’Onhym. Le plan triennal 2019-2021 prévoyait par exemple 6,6 milliards de dirhams d’investissements en exploration pétrolière.
«95% de ce montant est à la charge des partenaires de l’Onhym, qui en assurent l’exécution conformément à des programmes de travaux prévus dans les accords pétroliers», précise la directrice de l’Onhym. Les investissements propres de l’Office se montent, quant à eux, à 1,43 milliard de dirhams. Néanmoins, ce budget a été réduit à 1,07 milliard dans le plan triennal suivant, à savoir 2020–2022.
«Cette baisse s’explique par l’optimisation des dépenses de l’ONHYM à travers la recherche d’autres alternatives de financement, en l’occurrence la création d’une SPV qui se chargerait de lever 70% des investissements nécessaires au développement de la concession de Tendrara et la prise en charge des 30% restant par l’ONHYM.»
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Cette fameuse concession de Tendrara a été accordée en septembre 2018 à la société Sound Energy, après le succès des premiers forages. Sur 133 km², le groupe britannique est censé produire jusqu’à 100 millions de mètres cubes standard de gaz sur une période de 10 ans.
Mais le projet va de report en report, de l’aveu même de l’Onhym, actionnaire du projet. Quelque 770 millions d’investissements de l’Office, prévus en 2019, n’ont pas été exécutés pour le développement de cette concession de Tendrara, «projet reporté sur la base de décisions technico-financières justifiées», soutient la directrice de l’Office.
En matière de production de gaz, les réalisations du Royaume restent d’ailleurs très modestes. Entre les deux bassins du Gharb et d’Essaouira, la production annuelle ne dépasse pas les 95 millions de m3. Et même avec l’entrée en exploitation en 2022 de Tendrara, le volume d’exploitation restera insuffisant pour combler les besoins du Royaume.
Selon le ministère de l’Energie et des mines, «les besoins du Maroc en gaz naturel sont estimées à près de 5 milliards de m3 à l’horizon 2025». Autant dire que l’Onhym, avec toutes ces concessions, reste bien loin du compte.
Le déficit se creusePour l’Office, le revenu généré par la vente d’hydrocarbures et des diverses prestations a été de 243 millions de dirhams en 2019. Mais pour l’année 2020, «le chiffre d’affaires prévisionnel serait de 189 millions de dirhams», peut-on lire dans le rapport sur les établissements publics, accompagnant le projet de loi de Finances 2021. De son côté, le résultat net devrait enregistrer un déficit de 115 millions, soit quasiment le double des pertes enregistrées l’année dernière.
© Copyright : Rapport sur les Etablissements publics - PLF2021
En déficit quasi-structurel, l’Onhym cherche à trouver des mécanismes nouveaux pour financer ses activités. En matière minière, l’Office a lancé, en début d’année, un appel à manifestation d'intérêt (AMI) pour un fonds minier public privé.
«L’ONHYM apportera dans ce nouveau véhicule d’investissement des projets sélectionnés pour différentes substances (or, cuivre, manganèse), situés dans plusieurs régions et positionnés de manière équilibrée dans le processus de l’exploration minière», nous explique Amine Benkhadra.
Le processus de choix de la future société gestionnaire qui devrait valoriser ces projets est en cours. «Nous avons "short listé" deux sociétés de gestion nationales renommées qui participeront à la dernière phase de sélection dont les résultats seront connus au courant du premier trimestre 2021», détaille Amina Benkhadra. A cette échéance, on pourra se faire une idée sur ce que vaut le patrimoine minier de l’Onhym. Mais là encore, il ne faudra pas s’attendre à de grandes performances.
Pour les exportations et les bénéfices dans le domaine minier, il faut regarder plutôt du côté du secteur privé. L’Onhym quant à lui, semble, en définitive, tourner comme une administration d’enregistrement et de suivi de concessions accordées aux partenaires. C’est peut-être cher payé, pour un établissement public qui tourne pour 450 millions de dirhams, en charges de personnel et d’exploitation, soit quasiment le double de son chiffre d’affaires.
Il serait peut-être temps de réduire la voilure, avant de consommer les 1,6 milliard que l'office détient en fonds propres. Un gisement certes confortable, mais pas inépuisable.
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