Lors de sa réunion de ce mardi 19 juin, le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a d’abord examiné et approuvé le rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du pays, ainsi que sur les activités de la Banque au titre de l’exercice 2017. Il a été également question d’analyser l’évolution récente de la conjoncture économique et les projections macroéconomiques de la Banque pour les huit prochains trimestres. Sur la base de ces évaluations, notamment celles des trajectoires de l’inflation et de la croissance à moyen terme, souligne la Banque centrale dans un communiqué, le Conseil a jugé que le niveau actuel du taux directeur de 2,25% reste approprié et a décidé de le maintenir inchangé.
Les cours du pétrole devraient augmenter de 23,5% d’ici la fin de l’année
Le Conseil a noté que l’inflation a marqué une nette accélération sur les quatre premiers mois de l’année. Cette évolution, explique-t-on, reflète l’impact de la révision par le HCP en mars dernier de la structure du panier de référence de l’indice des prix à la consommation, ainsi que des hausses notables des prix des produits alimentaires à prix volatils et des tarifs des produits réglementés. Portée par ces chocs temporaires, l’inflation devrait atteindre 2,4% en 2018, avant de revenir à 1,4% en 2019.
Sur le marché des matières premières, les cours étaient orientés globalement à la hausse sur les cinq premiers mois de 2018, constate BAM. Ce dernier estime que le prix du Brent en particulier devrait terminer l’année sur un cours moyen de 67,2 dollars le baril, en progression de 23,5%, impacté par l’accord de réduction de la production, les tensions géopolitiques et l’amélioration de la demande. En 2019, reflétant l’accroissement prévu de la production aux Etats-Unis, il reviendrait à 62,5 dollars le baril. Pour le phosphate et ses dérivés, les cours se sont également inscrits en augmentation, sous l’effet notamment de celle des coûts de production et d’une demande soutenue.
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9.000 emplois perdus dans l'industrie au premier trimestre
Au niveau national, poursuit BAM, la croissance s’est accélérée à 4,1% en 2017 après 1,1% en 2016. Cette amélioration a été portée par un rebond de 15,4% de la valeur ajoutée agricole, tandis que la progression de celle des activités non agricoles s’est limitée à 2,7%. A moyen terme, ces dernières poursuivraient, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, leur reprise, avec une croissance de 3,2% en 2018 et de 3,5% en 2019. Pour sa part, la valeur ajoutée agricole s’accroîtrait de 5,7% en 2018 à la faveur de la bonne campagne agricole, avec notamment une production céréalière estimée par le Département de l’Agriculture à 98,2 millions de quintaux, avant de reculer de 1,7% en 2019, sous l’hypothèse d’une campagne agricole normale. La croissance nationale devrait ainsi revenir à 3,6% en 2018 et à 3,1% en 2019.Sur le marché du travail, l’économie nationale a généré entre le premier trimestre de 2017 et le même trimestre de 2018, 116 mille postes, dont 50 mille dans les services, 43 mille dans l’agriculture et 32 mille dans le BTP; l’industrie, y compris l’artisanat, ayant en revanche accusé une perte de 9 mille emplois.
Réserves de devises: 255 milliards de dirhams prévus à fin 2018
S’agissant des comptes extérieurs, la dynamique des exportations s’est maintenue sur les cinq premiers mois de l’année, portée essentiellement par une hausse notable des ventes de la construction automobile et des recettes voyages, se réjouit BAM. En parallèle, le rythme des importations de biens est resté soutenu, notamment pour les biens d’équipement et les produits énergétiques. Pour ce qui est des perspectives, les exportations de biens progresseraient de 5,8% en 2018 et de 6,9% en 2019, anticipe BAM, résultat en particulier de la poursuite de la performance de l’industrie automobile avec la mise en production annoncée de l’usine Peugeot. De même, les recettes voyages s’amélioreraient de 8% en 2018 et de 4% en 2019. Par ailleurs, les transferts des MRE maintiendraient leur dynamique en 2018 avec un accroissement prévu de 6%, et ralentiraient à 4,1% en 2019. Tenant compte du reliquat de 7 milliards de dirhams au titre des dons du CCG prévus pour 2018, le déficit du compte courant avoisinerait 4,1% du PIB au terme de cette année et s’allégerait à 3,6% en 2019. Dans ces conditions, et sous l’hypothèse d’afflux d’IDE équivalents à 4,4% du PIB et 3,5% respectivement, les réserves de change termineraient l’année à 255,4 milliards de dirhams et s’établiraient à 245,9 milliards au terme de 2019, assurant ainsi la couverture de 5 mois et 25 jours puis 5 mois et 18 jours d’importations de biens et services.