Selon le magazine américain, la notoriété de la petite ville marocaine de Chefchaouen aurait connu un pic ces cinq dernières années. Un intérêt dû à sa couleur bleue, dont le joli rendu en photo en fait une destination hautement "instagrammable".
Si certains voyageurs se plaignent de ces touristes 2.0 en quête d’un cliché, du côté des locaux, on voit plutôt d’un bon œil ce nouveau tourisme, qui, faute de n’être pas très féru de culture ou d’histoire, a tout de même le mérite de mettre du beurre dans les épinards.
Car il y a quelques années encore, Chefchaouen n’était pas encore ce «place to be»... Ni pour les touristes étrangers, ni pour les Marocains, qui ont pour bon nombre découverts cette ville avec le succès télévisé de la série «Bnat Lalla Menana» dans les années 2000 et plus récemment encore avec le tournage du clip «famous» de French Montana au sein de la médina.
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Depuis, Instagram a fait des émules et les quelques touristes nationaux, français ou espagnols, lesquels partagent une histoire commune avec cette ville, ont laissé place à une horde de touristes américains et chinois en grande partie, munis d’un smartphone, qui font une escale de quelques heures seulement dans la ville, le temps de faire des photos, avant de s’en retourner vers Fès, Marrakech ou Tanger.
A en croire le reportage de Business Insider, du côté des locaux, on a su tirer profit de cet engouement virtuel qui a valu à Chefchaouen d’être taggué plus de 445.000 fois sur Instagram en une année, soit le double en comparaison de l’année précédente, selon Fodor’s, éditeur de guide touristique qui classe aussi la ville parmi les endroits dévastés par Instagram, citant les queues interminables de touristes attendant pour faire une photo de certains endroits.
On découvre ainsi dans l’article une galerie d’ habitants de la ville reconvertis dans de nouveaux métiers: un étudiant/gérant de maison d’hôte qui accueille sous son toit des touristes, un bouquiniste-historien qui s’est improvisé mémoire vivante de la ville, un artiste peintre qui monnaye ses interviews, des habitants qui revêtent leurs habits traditionnels et font payer les touristes pour être pris en photo ou encore un ancien chauffeur de taxi qui a reconverti la maison où il vit en musée (sans pour autant y ajouter quoique ce soit), visitable moyennant cinq dirhams et devenue selon lui une attraction sur Instagram…
Ce business lucratif l’est encore plus pour les maçons et autres artisans de la ville qui ont vu, avec l’émergence des maisons d’hôtes qui poussent comme des champignons, leur carnet de commandes s’envoler.
En revanche, du côté du moul Sfenj du coin, on fait grise mine… Le touriste de chefchaouen n’a pas encore succombé au «donut» local. Un mal pour un bien ?