Sayyida Al Hurra, la reine-corsaire marocaine qui fit trembler les mers aux côtés de Barberousse

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Née dans une famille aux origines maroco-andalouses, les Banu Rashid, Sayyida Al Hurra a marqué l’histoire du monde musulman, notamment pour sa lutte acharnée contre les Portugais qui occupaient la ville de Sebta et son alliance avec le célèbre corsaire Barberousse.

Le 08/11/2018 à 14h32

Sur sa naissance, les sources divergent. Pour certains, elle serait née en 1493 à Chefchaouen quand pour d’autres, ce serait en 1485 au Royaume de Grenade. On ne s’accorde pas non plus sur les origines de son nom. Aïcha, Fatima, Sayyida… Le mystère perdure autour de cette légende féminine marocaine, qui a pourtant profondément marqué l’histoire du Maroc, de l’Espagne et du Portugal du XVIème siècle.

Les sources concordent cependant lorsqu’il s’agit de son histoire marocaine. La jeune femme grandit à Chefchaouen, ville fondée par son père, Ali Ben Moussa Ben Rachid, en 1471. La famille de Sayyida El Hurra est rattachée du côté de son père au pôle mystique du soufi Moulay Abdeslam Ben Mchich, saint dont le sanctuaire se trouve sur le mont Allam, en pays Jbala. Zahra Fernandez, sa mère, est quant à elle espagnole.

La jeune fille grandit en pleine période de la Reconquista en Andalousie, menée par les souverains espagnols qui occupent également plusieurs villes côtières du Maroc, alors dirigé par les sultans wattassides dont le règne se fragilise de plus en plus.

A Chefchaouen, ville-Etat et forteresse, la jeune fille parfait son éducation, riche de sa mixité culturelle, auprès des plus grands savants de l’époque.

Promise à un ami de son père, elle épouse à seize ans le deuxième gouverneur de Tétouan Mohamed Al-Mandari. Un mariage d’influence, visant à renforcer l’alliance entre les deux familles et à faire front commun contre l’occupation chrétienne.

Aguerrie à la diplomatie et aux affaires de la cour, en assistant son mari, elle lui succède, à sa mort en 1529, au poste de gouverneur de Tétouan. Elle prend alors le surnom de «Al Hourra», la femme libre. C’est à cette période qu’elle s’allie à un guerrier redouté, le célèbre corsaire ottoman, rattaché au dey d'Alger, Arudi Barberousse.

A la tête d’une armée et d’un véritable arsenal de guerre, elle dirige d’une main de fer et en parfaite stratège le trafic naval et les entreprises corsaires dans la partie ouest de la Méditerranée. Barberousse quant à lui en contrôle la partie orientale. Leur association sera plus que fructueuse, tant le redoutable duo mène de nombreuses expéditions en mer, amassant une petite fortune grâce aux rançons qu’ils réclament aux Espagnols et aux Portugais, en contrepartie de la libération de leurs prisonniers.

Elle se marie ensuite, en deuxièmes noces, en 1541, avec Ahmed Al Wattassi, Roi du Maroc, qui devra faire le déplacement jusqu’à Tetouan pour l’épouser, alors que l’usage voulait que ce type de cérémonies se déroule à Fès, capitale royale. Elle met un point d’honneur à lui faire entendre, qu’en ne se déplaçant pas, elle ne renonçait pas, de fait, à gouverner Tétouan. C’est d’ailleurs à Tétouan qu’elle continua à résider, chargée par son époux des relations avec les Portugais.

Sayyida El Hourra finit ses jours, en femme libre et fière, à Chefchaouen, sa ville d’origine. Elle fut inhumée dans la zaouiïa Raïssouniya, où son tombeau est entretemps devenu un lieu de pèlerinage pour les femmes.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 08/11/2018 à 14h32