Abject… Effroyable… Une horreur absolue… Plus jamais ça… La presse algérienne a rivalisé de superlatifs pour exprimer son indignation après les révélations de l’étudiant Walid Nekiche devant la juge du tribunal de Dar El Beida, à Alger, où le plus ancien détenu du Hirak a comparu dans la nuit du lundi au mardi 2 février 2021.
Des «révélations glaçantes» selon l’éditorialiste du quotidien Liberté, qui a repris mot pour mot les déclarations de ce jeune de 25 ans, qui a vécu l’enfer après son arrestation, en novembre 2019, lors d’une manifestation estudiantine.
«J’ai subi des agressions physiques et des sévices sexuels, j’ai été touché dans mon honneur», a déclaré Walid Nekiche à la face de la juge, de l'assistance au tribunal et de toute l’Algérie. Son avocate, de son côté, a dénoncé dans sa plaidoirie les «aveux obtenus après torture» à la caserne Antar, la tristement célèbre base de l’ex-DRS à Alger, comme la qualifie le site Algérie Part.
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Un autre article de Liberté rappelle que le cas Nekiche est loin d’être isolé. Il rappelle que «les soupçons de torture et de sévices ont toujours pesé sur les prisons et certains corps de sécurité algériens», en prenant le soin de relater certains des nombreux récits de militants et hirakistes qui ont eu à subir les affres des geôliers algériens.
Dans une vidéo poignante postée sur les réseaux sociaux l’année passée, Ibrahim Daouadji, figure du Hirak de Mostaganem, située à 360 km d'Alger, et qui a été maintes fois arrêté et emprisonné, avait raconté les larmes aux yeux de quelle manière, après qu'il a été interpellé à Alger, puis conduit dans un centre de détention, l'un de ses interrogateurs avait menacé d’attenter à sa pudeur. «Il avait pris un bâton et menacé de me l’introduire dans le c…», a-t-il courageusement raconté, en avouant faire des cauchemars depuis cet épisode.
Les histoires de Karim Tabbou, de Brahim Laâlami et d’autres Algériens, qui ont subi des mauvais traitements allant de sévices physiques aux violences psychologiques dans les locaux de la police, reviennent également à la surface, suite à ce procès scandaleux de Walid Nekiche durant lequel le procureur a eu l’audace de requérir une peine de prison à perpétuité. Le jeune étudiant de 25 ans n'a finalement été condamné qu'à 6 mois de prison, alors qu’il avait déjà passé 14 mois derrière les barreaux.
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Les éditorialistes algériens ne manquent pas de rappeler que «la torture, les traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que la traite des personnes sont réprimés par la loi», selon l’article 39 de la Constitution algérienne. Ils restent néanmoins lucides quant à l’impunité du régime face à ces violations flagrantes des droits humains. «Aucun hirakiste n’a été convoqué pour être entendu sur une plainte qu’il aura déposée», précise le journal Liberté.
Pas étonnant de la part d’un régime militaire qui «boxe» dans la catégorie des «États autoritaires». Dans l’index 2020 de démocratie dans le monde établi par The Economist Intelligence Unit, l’Algérie figure au 115e rang, sur les 167 pays étudiés.