Opposant la stratégie très critiquée déployée par la France, pour contrer la pandémie de Covid-19, à celle du Maroc, la journaliste Claude Guibal a livré, mercredi 8 avril, sur France Info une chronique plus que flatteuse pour le Maroc. Celle-ci décrit ainsi une France face à ses limites, confrontée à un manque de tests de dépistage, une pénurie de masques, une réflexion sur un déconfinement progressif, et invite à prendre exemple sur le Maroc, où le port du masque a été rendu obligatoire. Mais pas que…
Claude Guibal souligne ainsi que dans ce royaume de 35 millions d’habitants, «où le nombre de cas a doublé en une semaine», l’état d'urgence sanitaire a été décrété depuis la mi-mars et s’accompagne de «mesures assez radicales».
Et d’énumérer ces mesures, à commencer par la décision d'autoriser l’usage de la chloroquine en milieu hospitalier pour soigner les malades du Covid-19, alors qu'en France, l'usage de la Chrloroquine, qui suscite toujours de vives polémiques, a été autorisé, après le Maroc, dans les formes graves d'infection. «Tous les stocks du pays –dont ceux du laboratoire Sanofi Maroc– ont ainsi été réquisitionnés par l'État» explique-t-elle.
S’agissant du confinement qu’elle décrit comme étant «obligatoire» et «assez strict», Claude Guibal en soupèse les conséquences sur l’économie marocaine et salue à nouveau les mesures prises en ce sens. «Mais qui dit confinement dit pays à l’arrêt et économie en danger, ce dont le Maroc, déjà secoué par de violentes colères sociales veut au maximum limiter les effets. D’où la décision de tout faire pour sortir du confinement au plus vite en imposant le port de masque pour tous, assorti de lourdes amendes à la clé…»
Mais le port du masque est une chose, leur fabrication en est une autre. Ainsi, à l'heure où d’autres pays passent commande de ces masques en Chine ou en Corée du Sud, le Maroc, lui, a fait un autre pari, celui de l’autonomie. Et la chroniqueuse de France Info d’aborder ce sujet qui fait beaucoup d’envieux de l’autre côté de la Méditerranée.
«Les autorités marocaines ont demandé à l’industrie textile de reconvertir sa chaîne de production en urgence. En quelques semaines, le Maroc s’est mis à fabriquer des masques, passant de 2,5 millions à 3,5 millions cette semaine. Des masques dont le prix avait été initialement fixé par décret à deux dirhams avant qu’il ne soit divisé de moitié grâce à l’aide de l’État qui a appuyé les industries locales en puisant dans un fond spécial de lutte anti-Covid. Et voilà comment depuis hier les Marocains peuvent acheter des masques à 0,8 dirham pièce, soit 7 centimes d’euros.»
Jean-Marc Four, présentateur de l’émission «Un monde en avance» ne peut s’empêcher de demander où trouver ces masques marocains. En France, la prestigieuse académie de médecine vient de recommander le port du masque pour tous, alors même que le gouvernement décrétait que la population n’en avait pas d’utilité. Un gros cafouillage assorti d’une pénurie qui pousse les Français à avoir recours au système D en fabriquant des masques à domicile avec les moyens du bord.
Au Maroc, autre son de cloche, car on opte désormais pour le masque pour tous. Distribués «des chaînes de grande distribution jusqu’aux 70 000 épiceries locales répertoriées» comme l’explique la chroniqueuse, grâce à un «circuit de distribution de ces masques supervisé par les autorités», le Maroc est devenu «autosuffisant» et projette «un passage à une production de 5 millions de masques par jour dès la semaine prochaine».
Un chiffre colossal qui permettrait au royaume, selon l’experte, «de devenir exportateur» et mieux encore, représenterait «une alternative à la production chinoise sur laquelle de nombreux pays européens pourraient être tentés de se précipiter».
Et de conclure, «belle opération de communication aussi en interne pour le gouvernement marocain».