Régime putschiste, élections marquées par un faible taux de participation, crise politique sans précédent, dérives sécuritaires, procès expéditifs, règlements de comptes politiques, affrontements armés avec les groupes islamistes, absence d’indicateurs d’un retour à la normale, l'ancien président déchu, l'islamiste Mohamed Morsi qualifié de président élu ... Voilà comment est décrite la situation en Egypte par nos deux télévisions nationales. Al Aoula comme 2M ont réservé hier des sujets dans leurs journaux télévisés pour scanner la situation en Egypte depuis l’éviction du président Morsi, l’année dernière. Et pour la première fois, nos médias officiels qualifient le retour des militaires au pouvoir, via le général Abdelfettah Sissi, de putsch en bonne et due forme.
Ce tir groupé des deux chaînes nationales sur un ton plus critique que jamais révèle le déclenchement d’une véritable crise avec Le Caire. Pour certains observateurs, ce n’est qu’une joute médiatique. Nos chaînes publiques répondent aux attaques à répétition de ces derniers mois, contre le Maroc, de certains animateurs et artistes égyptiens. Pour d’autres, la crise est bien plus grave: elle a des relents politiques. «Le Maroc n’apprécie pas le récent rapprochement entre l’Egypte et l’Algérie qui met tout en œuvre pour faire changer à la diplomatie égyptienne sa position dans le dossier du Sahara», explique un connaisseur des rouages diplomatiques. Pour le moment néanmoins, il n’y a pas encore de position officielle de notre ministère des Affaires étrangères par rapport à cet air de crise. Mais en principe, ça ne saurait tarder sachant que les médias égyptiens vont, à coup sur, répondre de manière encore plus virulente aux reportages d’Al Aoula et 2M. Affaire à suivre!