C’est dans les colonnes du quotidien Le Monde que l’écrivaine franco-marocaine Leïla Slimani, le journaliste et écrivain franco-algérien Kamel Daoud et Sana Ben Achour, par ailleurs professeure de droit public à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, ont co-signé une tribune déplorant la «non-intégration» des pays du Maghreb et alertant sur ses conséquences néfastes pour les pays concernés, notamment pour leur jeunesse.
Dans cette tribune, qui sera également publiée en arabe, par la suite, en ce même mardi 18 octobre, dans les colonnes du journal Assabah, au Maroc, Al Watan, en Algérie, et El Maghrib, en Tunisie, les trois auteurs décrivent un monde en pleine crise, et des lendemains incertains. Un monde «fracturé, piégé entre les radicalités, les populismes et les désespérances», écrivent-ils, un monde marqué par une guerre aux portes de l’Europe, où les jeunes générations devront apprendre à composer avec des défis: le réchauffement climatique, l’immigration massive, la crise démographique ou encore l'émergence de populismes.
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«C’est dans ce contexte anxiogène que nous percevons plus que jamais le gâchis que représente la non-intégration des pays du Maghreb, le risque faramineux et invisible que cela fait peser sur cette région», jugent les trois auteurs de la tribune.
Déplorant les polémiques et les tensions qui assombrissent les relations entre pays voisins du Maghreb, les auteurs se désolent aussi du fait que les futures générations soient ainsi victimes de propagandes et de préjugés, «prises en otage des différends politiques». Ils refusent l’idée que «le Maghreb (ne serait) qu’une utopie».
Les chroniqueurs ne se contentent pas de formuler un vœu pieux. Chiffres à l’appui, ceux-ci rappellent ce que coûte la non-intégration aux pays du Maghreb, dont l’union ferait gagner l’équivalent de «5% de leurs produits intérieurs bruts cumulés», rappellent-ils, citant à cet égard des données de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies.
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Appelant à une union du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie et de la Lybie, au nom de solidarités ancestrales, d'un partage d’un art de vivre, de langues ou encore d’une religion notamment, les auteurs invitent à prendre les mains qui se tendent, à «soutenir toutes les initiatives en faveur d’une meilleure intégration, d’une construction réaliste et lucide», afin de ne pas sombrer dans un «engrenage de destruction».
Il en va en effet de l’avenir des jeunesses du Maghreb auxquelles, interpelle-t-on, «nous avons mieux à (…) offrir que la mer pour cercueil». En guise de rêve commun, on entrevoit ainsi des rêves en commun, celui «d’une Coupe du monde au Maghreb, d’un TGV transmaghrébin, d’un Erasmus maghrébin»…
Pour ce faire, les dirigeants qui ont une responsabilité historique sont invités «à la raison, à la responsabilité et à la maturité», à avancer «dans la voie de la démocratisation, sur les chemins des acceptations mutuelles et du dialogue», unique façon «de retrouver un poids face à une Europe qui se referme» mais aussi de «nous protéger face à des menaces qui grossissent, notamment au Sahel».