Face à la caméra, encore sous le coup de l’émotion, plusieurs migrants subsahariens ont pris la parole dans le cadre d’une enquête réalisée par la chaîne i24, au lendemain des évènements de Melilia qui ont fait 23 morts et 170 blessés, parmi lesquels des éléments des forces de l’ordre marocaines, après que près de 2.000 migrants ont tenté de passer en force le point de passage entre Nador et Melilia.
Un terrible drame dont la responsabilité est imputée à l’Algérie, que le Maroc accuse d’instrumentaliser les migrants pour s’en servir comme d’une arme de guerre contre le Royaume. Des accusations corroborées par les témoignages, de plus en plus nombreux, de migrants ayant été forcés de quitter l’Algérie par l’armée de la junte pour rejoindre le Maroc.
Pour trouver un avenir meilleur loin de leur pays d’origine, ces hommes viennent du Niger, du Tchad, du Congo, du Mali, du Soudan, de Guinée pour atteindre Melilia qui représente l’accès à l’Eldorado européen. «Mais pour atteindre ce but, le chemin peut s’avérer long et compliqué. Pour la plupart, ces migrants atteignent l’Algérie, mais là-bas ils ne sont pas les bienvenus, loin de là… Certains dénoncent des violences et des conditions inhumaines», explique-t-on en préambule de ce reportage qui a donné la parole à trois migrants qui témoignent de ce qu’ils ont subi en Algérie.
L’un d’entre eux, la mine contrite, explique être «rentré au Maroc par l’Algérie» et confie que «les soldats algériens (l’)ont frappé et (lui) ont cassé la main».
Un second témoignage illustre, à coups de détails inhumains, la violence subie par ces personnes lors de leur passage en Algérie. «Les Algériens nous font mal, nous traitent mal. On nous frappe, on prend notre argent», explique ainsi cet homme qui dénonce également l’odieux chantage pratiqué sur les migrants par l’armée algérienne.
Il explique ainsi que ce chantage est pratiqué à deux niveaux. Tout d’abord par des guides qui se trouvent sur place, qui exigent d’eux des sommes allant jusqu’à cinq cents euros, sans quoi ils sont livrés à l’armée algérienne, laquelle à son tour, exerce un autre chantage sur les migrants en les menaçant de représailles physiques s’ils ne rejoignent pas le Maroc. «L’armée algérienne te dit deux choses: soit tu entres au Maroc soit on te casse la g...», relate-t-il en évoquant également les menaces de mort proférées dans le cadre de ce chantage, mais aussi le viol des femmes, et le racket que subissent les migrants de la part des soldats algériens.
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«C’est une catastrophe, nous on veut vivre. C’est eux qui nous obligent à partir au Maroc», s’écrie-t-il.
Le troisième témoignage présenté par cette enquête révèle non seulement une autre facette de la pression exercée sur les migrants en Algérie, mais aussi l’antisémitisme structurelle qui sévit de l’autre côté de la frontière.
«Le soldat algérien m’a demandé ‘où vas-tu?’ J’ai dit ‘le Maroc’, et il m’a demandé encore ‘qu’est-ce que tu préfères, le peuple algérien ou marocain?’ J’ai dit ‘les deux peuples sont bien, les deux se comportent bien avec nous’. Il m’a dit ‘tu veux aller chez les Marocains, les juifs?’J’ai dit ‘non, ils sont musulmans comme vous’». Un témoignage qui sonne comme un aveu de plus de l’antisémitisme maladif qui gangrène les arcanes du pouvoir algérien et explique en partie sa haine aveugle contre le Maroc.
Ces migrants passés par l’Algérie qui décrivent ce périple tel un enfer déconseillent désormais aux autres migrants d’Afrique centrale de passer par ce pays. «On va même vous violer les femmes là-bas», prévient ainsi l’un des témoins de ce drame humain.
In fine, conclut le reportage, si le but de ces migrants était à la base de rejoindre l’Europe, certains d’entre eux, une fois arrivés au Maroc, décident finalement d’y rester et de s’intégrer.
Les témoignages des trois migrants ont le mérite de confirmer la réaction des autorités marocaines qui avaient dénoncé «le laxisme délibéré» du régime algérien qui pousse vers le Maroc des personnes désespérées et prêtes à rejoindre l’Europe au péril de leur vie. Ces témoignages corroborent aussi la guerre totale que mène la junte algérienne contre le Maroc et qui ne se contente plus de la mobilisation de la diplomatie, des séparatistes, des médias et des réseaux sociaux, mais recourt à de nouvelles méthodes abjectes dans l’espoir de déstabiliser le Royaume.