Patron à la fois de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), Jeune Afrique (JA) s’arrête sur ce cumul de postes «inédit» dans l’histoire sécuritaire du Maroc. «C’est un modèle qui a incontestablement fait ses preuves et qui nous est envié par d’autres pays», rapporte le média français en citant Abdelhak Khayyam, patron du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), relevant de la DGST.
Reconnu pour son engagement et son dévouement au travail, «Il n’a pas pris de vacances depuis vingt ans, hormis récemment quelques jours, à la veille du mois de ramadan, pendant lesquels il s’est rendu sur les Lieux saints pour une Omra express en famille», rapporte JA.
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Le bilan de son action à la tête des deux directions est très apprécié par bon nombre d'observateurs, y compris ses collaborateurs. «En quatre ans, il a accompli ce qui n’avait pas été fait en plusieurs décennies au sein de la DGSN», témoigne Mohamed Dkhissi, directeur central de la police judiciaire.
Discret, Hammouchi n’a jamais accordé d’interview, mais il a toujours incité ses troupes à s’ouvrir à la communication. Avec lui, explique à JA le porte-parole de la DGSN, Boubker Sabik, «notre devise est de ne rien dissimuler à l’opinion publique à part ce qui est interdit par la loi, alors qu’avant la consigne était de ne communiquer qu’au strict minimum de ce que prévoit la loi».
La police marocaine a connu une profonde mutation sous la conduite de Hammouchi. Entre autres réalisations, JA cite l’exemple du concours de recrutement qui «a changé de fond en comble. De l’annonce de son organisation jusqu’à la correction des épreuves, tout a été revu pour garantir l’égalité des chances et en finir avec les pratiques de piston ou de triche».
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Le journal de Béchir Ben Yahmed retrace au passage le parcours du patron de la DGSN: né en 1966, études de droit à Fès, service civil au cabinet du secrétaire général du département de l’Information. Son ascension, il la doit surtout à sa parfaite maîtrise des mouvances islamistes et des organisations jihadistes. Quand Hamidou Laanigri (l’ancien patron de la DGST) briefait de hauts responsables, des homologues étrangers ou certains journalistes, Hammouchi était toujours là, relève JA.
«Il est d’ailleurs toujours capable de vous citer, de mémoire, les noms des membres d’une cellule, de retracer leurs parcours et leurs relations avec d’autres groupes combattants», poursuit la même source.
Hammouchi aurait même été approché par la CIA qui a tenté de le débaucher. «George Tenet (directeur de la centrale de 1997 à 2004) lui a proposé la nationalité américaine et un haut poste à Langley. Hammouchi a répondu : “Marocain je suis né, marocain je resterai, marocain je mourrai.”», confie l’un de ses proches à JA.
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Nommé en décembre 2005 par le roi Mohammed VI à la tête de la DGST, Hammouchi a marqué de son empreinte l’image et les pratiques de cette institution. «Fini le temps des -haj barbouzes- adeptes des disparitions et des interrogatoires musclés dans des caves obscures ! La DGST apparaît aujourd’hui comme une institution normalisée et fréquentable», peut-on lire.
Hammouchi est décrit par ses proches collaborateurs comme un patron intègre, sérieux et sincère. «Solitaire, on ne lui connaît aucune fréquentation mondaine. Peu d’amis. Jamais de restaurants. Un côté moine-soldat, constamment disponible pour le roi. Jamais de frasques.».
L’hebdomadaire revient à l’épisode des accusations de «complicité de torture» portées contre Hammouchi à Paris en février 2014, qui a fini par déclencher une crise diplomatique et une suspension de la coopération judiciaire entre le Maroc et la France.
«Manuel Valls, Premier ministre à l’époque, et François Hollande, alors président, lui ont juré par la suite qu’ils n’étaient pas au courant», révèle le journal, non sans rappeler les excuses de la France intervenues un an plus tard à travers l’hommage rendu par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve au travail de la DGST et à son directeur en matière de lutte antiterroriste. On connaît la suite de l’histoire.
Début 2016, Abdellatif Hammouchi a été élevé au rang d’officier dans l’ordre de la Légion d’honneur. Une consécration méritée pour celui à qui on doit aujourd’hui le nouveau visage de la police marocaine.