Tensions avec l’Algérie, statut d’Israël à l’UA: sur France 24, Nasser Bourita met les points sur les i

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, a été interview par France24 et RFI, le 6 février 2022. 

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, a été interview par France24 et RFI, le 6 février 2022.  . France24 / RFI (capture image vidéo)

Lors d’un entretien accordé à France 24 et RFI, dans le contexte du 35e sommet de l’Union africaine, qui a lieu depuis hier, 5 février et se poursuit ce 6 février à Addis-Abeba, Nasser Bourita est revenu sur l’escalade du régime algérien contre le Maroc, tout en soulignant que c’est Alger qui est le véritable protagoniste du conflit du Sahara.

Le 06/02/2022 à 15h54

Interpellé sur la mobilisation d’Alger et de Pretoria, en vue de retirer le statut d’observateur d’Israël à l’Union africaine, Nasser Bourita a rappelé que le Maroc «est favorable à la mise en œuvre des textes de cette organisation». Celui-ci a par ailleurs déclaré dans ce contexte que « l’Union africaine a changé et qu’elle n’est plus la chasse gardée d’un ou deux pays [l'Algérie et l'Afrique du sud, Ndlr]», rappelant que «quarante-quatre pays africains ont des relations avec Israël». Le chef de la diplomatie marocaine a également souligné que parmi les quatre pays qui s’opposent à ce statut d’observateur, figure l’Afrique du Sud qui a pourtant reçu l’ambassadeur d’Israël il y a une semaine. «Comment peut-on accepter une réalité chez soi et venir imposer le contraire au niveau de l’Union africaine?», s’est-il interrogé. 

Invité à expliquer la position du Maroc quant à ses rapports commerciaux avec Israël et la cause palestinienne, Nasser Bourita a rappelé que «le Maroc est engagé aux côtés du peuple palestinien». «Nous sommes pour une solution à deux Etats», a-t-il déclaré, rappelant au passage que cela signifiait de «reconnaître deux Etats».

Au sujet des tensions avec l’Algérie qui accuse le Maroc de coopérer militairement avec Israël pour l’intimider, le ministre marocain des affaires étrangères a souligné le grand nombre de contradictions et «les excès» de la diplomatie algérienne, rappelant que «lorsque l’Algérie a décidé de rompre ses relations (avec le Maroc), il y avait six ou sept points (soulevés) et pas seulement cette question là», faisant ainsi allusion au laïus de Ramtane Lamamra qui était remonté jusqu’à la guerre des sables de 1963 pour justifier, en août 2021, la décision du régime algérien de rompre unilatéralement ses relations diplomatiques avec le Maroc.

Et Bourita de déclarer que «la démarche de Sa Majesté le Roi Mohammed VI est de ne pas aller dans l’escalade et de se concentrer sur ce qui nous unit, pas ce qui nous désunit». Le ministre a qualifié d’excessives les gesticulations du régime algérien, citant à ce propos cette phrase de l’homme d’Etat français Talleyrand: «tout ce qui est excessif est insignifiant».

Enfin, sur la question du Sahara, Nasser Bourita a réaffirmé que «le Maroc est pour une solution dans le cadre des Nations Unies, et dans le cadre de l’autonomie sous souveraineté marocaine».

Quant à la demande de l’Algérie liée à ce qu’elle appelle des négociations directes entre le Maroc et le Polisario, Nasser Bourita réfute l’idée même de «mettre l’Algérie et le Maroc sur un pied d’égalité», notamment parce que «le Maroc est aligné sur la résolution du Conseil de sécurité [2602, votée le 29 octobre 2021, Ndlr] alors que l’Algérie ne veut pas de cette résolution». Et de préciser: «l’avantage de l’escalade algérienne, c’est que l’Algérie a démontré aujourd’hui qu’elle est la véritable partie à ce problème. Dans la salle [où se déroulent les débats entre les Etats membres de l’UA, Ndlr], il n’y a que l’Algérie qui prend la parole sur ce dossier-là».

D’autre part, Nasser Bourita a rappelé que si le Maroc est pour une solution dans le cadre «des tables rondes», c’est à la condition de la participation «de la véritable partie à ce différend régional», à savoir l’Algérie. L’interview étant filmée dans le hall du siège de l’UA à Addis-Abeba, Nasser Bourita s’est écrié en direction des journalistes qui l’interrogeaient, «dans ce couloir, demandez à n’importe quel diplomate, le problème du Sahara, il est entre qui et qui?». Le Maroc et l’Algérie, évidemment.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 06/02/2022 à 15h54