«La Russie ne peut pas compter sur une quelconque fatigue des Européens dans leur soutien à l’Ukraine», a assuré le président français Emmanuel Macron. C’est un «message très fort» envoyé au président russe Vladimir Poutine, a commenté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
C’est aussi un signal envoyé aux États-Unis, où une nouvelle enveloppe budgétaire pour l’Ukraine est actuellement bloquée au Congrès. «J’espère que (cela) aidera à faciliter les choses» pour que le président américain Joe Biden puisse faire passer son plan d’aide à ce pays en guerre, a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz.
De fait, Joe Biden a rapidement remercié Ursula von der Leyen «et l’Union européenne de cette importante enveloppe financière (...) qui fera beaucoup pour aider l’Ukraine au moment où elle continue à se battre contre l’agression russe», a indiqué à la presse un porte-parole de l’exécutif américain, John Kirby.
Kiev a désespérément besoin de l’aide occidentale pour maintenir à flot son économie, près de deux ans après le début de l’invasion de ce pays par la Russie.
À Bruxelles, où les dirigeants européens étaient réunis en sommet extraordinaire pour sortir du blocage suscité par le veto de Viktor Orban --seul parmi les Vingt-Sept à avoir maintenu des liens étroits avec Moscou--, le suspense aura finalement été de courte durée.
«Nous avons un accord», a clamé le président du Conseil européen Charles Michel sur X dès le début de la réunion dans la matinée. Cela «garantit un financement stable, prévisible et à long terme pour l’Ukraine», s’est-il félicité.
«Forte unité»
Cette décision «prouve une fois de plus la forte unité de l’UE», s’est aussitôt réjoui le président Zelensky, qui s’est adressé aux Vingt-Sept par visioconférence. «Aujourd’hui l’UE a pris une décision attendue de longue date», a-til précisé dans la soirée dans son message quotidien. «Il s’agit d’un message clair à Moscou, l’Europe va résister et l’Europe ne sera pas brisée.»
L’aide destinée à l’Ukraine (33 milliards de prêts et 17 milliards de dons sur quatre ans) est incluse dans une rallonge au budget de l’UE jusqu’en 2027. Ce budget européen révisé sera voté plus tard dans le mois au Parlement européen.
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Pour garantir le ralliement de Viktor Orban, le sommet avait été précédé d’un ballet diplomatique. Des rencontres bilatérales dès mercredi soir avec le président français Emmanuel Macron et la cheffe de gouvernement italien Giorgia Meloni. Puis une réunion jeudi matin rassemblant, outre ces trois dirigeants, Olaf Scholz, Ursula von der Leyen et Charles Michel.
Le compromis trouvé jeudi prévoit que soit rédigé chaque année un rapport de la Commission européenne sur l’utilisation des fonds par l’Ukraine, et la possibilité pour les dirigeants dans deux ans, si besoin et à l’unanimité, de demander un réexamen de l’aide.
La Hongrie réclamait de pouvoir procéder à une révision annuelle de ce soutien mais les autres pays de l’UE ne voulaient surtout pas lui donner de telles occasions réitérées d’opposer son veto. Orban «a lâché du lest (...) il a vu qu’il y avait de l’irritation, qu’il y avait une limite à ne pas franchir», a commenté un diplomate européen sous couvert d’anonymat.
«Mission accomplie»
Mais l’intéressé a affiché sa satisfaction: «Mission accomplie», a-t-il affirmé sur X, précisant avoir reçu des «garanties» que les fonds destinés à la Hongrie et actuellement gelés par l’UE n’iraient pas à l’Ukraine. «Et notre position sur l’Ukraine reste la même: nous avons besoin d’un cessez-le-feu et de pourparlers de paix», a-t-il ajouté.
Le dirigeant hongrois avait suscité la colère et l’exaspération de ses homologues réunis en décembre dernier en s’opposant à ce soutien financier. Il a été accusé à Bruxelles de faire du chantage à l’UE pour obtenir le déblocage de fonds européens destinés à son pays mais gelés par la Commission européenne en raison des manquements à l’État de droit reprochés à Budapest.
En décembre, la Commission avait débloqué quelque 10 milliards d’euros, mettant en avant des réformes entreprises par Budapest pour améliorer l’indépendance de ses juges. Mais plus de 20 milliards de fonds européens sont toujours retenus, en raison d’inquiétudes de Bruxelles portant notamment sur le respect des droits des personnes LGBT+, de la liberté académique et du droit d’asile en Hongrie. Ces fonds comprennent notamment ceux du plan de relance post-Covid.
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Viktor Orban accuse régulièrement la Commission d’avoir des motivations politiques, et le texte de compromis de jeudi insiste sur le caractère «objectif, juste et impartial» de toute décision de l’UE sur ces fonds. À la question de savoir si Viktor Orban avait obtenu des promesses sur un déblocage de cet argent, Ursula von der Leyen a répondu «c’est simple: non».
A côté de la question du soutien budgétaire à l’Ukraine, le sommet a également discuté d’une aide militaire supplémentaire. «Nous voulions discuter de la question de savoir si chaque État membre en faisait assez. À mon avis, tous les États membres n’en font pas assez», a commenté Olaf Scholz.
La réunion des 27 s’est tenue sur fond de forte mobilisation du monde agricole: plus d’un millier de tracteurs avaient pour l’occasion envahi les rues de Bruxelles, jusqu’au Parlement européen, aux abords des lieux du sommet.