Face aux fortes attentes internationales, cette visite aux allures amicales n'a donné lieu à aucune autre annonce concrète.
Mike Pompeo a été dépêché en urgence à Ryad par le président américain Donald Trump face au retentissement planétaire de l'affaire. Arrivé mardi matin, M. Pompeo a rencontré le roi puis le prince héritier Mohammed ben Salmane, qui a fait valoir devant son interlocuteur les liens "forts et anciens" avec Washington.
"Nous sommes des alliés" et "nous faisons face ensemble aux défis, que ce soit dans le passé, aujourd'hui ou demain", a ajouté le prince, 33 ans, considéré comme l'homme fort du royaume, premier exportateur mondial de pétrole.
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Mike Pompeo et Mohammed ben Salmane ont affiché de larges sourires lors du premier de leurs deux entretiens: ils doivent dîner ensemble ce mardi, puis le haut responsable américain est attendu en Turquie mercredi, a annoncé Ankara.
Journaliste saoudien critique du pouvoir et qui collaborait notamment avec le Washington Post, Jamal Khashoggi, 59 ans au moment des faits, est entré le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul et n'est pas réapparu depuis.
Selon des responsables turcs, ce journaliste exilé aux Etats-Unis depuis 2017 et "bête noire" du prince héritier, a été tué au consulat par des agents saoudiens venus de Ryad. Les autorités saoudiennes ont jusqu'ici fermement démenti.
Selon la porte-parole du département d'Etat Heather Nauert, qui accompagne M. Pompeo, ce dernier a "remercié le roi (Salmane) pour son engagement à appuyer une enquête approfondie, transparente et dans un délai raisonnable sur la disparition de Jamal Khashoggi".
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M. Trump, qui a renforcé ses relations avec Ryad dès son arrivée à la Maison blanche début 2017, est très embarrassé par l'affaire Khashoggi. Lundi, après s'être entretenu au téléphone avec le roi Salmane, il a suggéré que la disparition de Jamal Khashoggi "pourrait être le fait de tueurs hors de contrôle".
Des médias américains ont ensuite affirmé que l'Arabie saoudite, dont l'image a terriblement souffert depuis deux semaines, envisageait de reconnaître la mort du journaliste lors d'un interrogatoire qui aurait mal tourné au consulat.
Selon CNN, le pouvoir saoudien préparerait un rapport dans lequel il tenterait de minimiser son implication dans sa disparition. Et pour le Wall Street Journal, cela permettrait à la famille royale de "se dédouaner d'une implication directe" dans l'éventuel décès.
Dans la nuit de lundi à mardi, des policiers turcs, certains en uniforme et d'autres en civil, ont fouillé pendant huit heures le consulat saoudien à Istanbul. Ils ont été précédés au consulat d'un groupe de responsables saoudiens censés participer à la fouille.
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A l'issue de cette perquisition sans précédent, l'équipe a emporté des échantillons, notamment de la terre du jardin du consulat, selon un responsable présent sur place.
Mardi, une source diplomatique en Turquie a indiqué que la police turque allait aussi fouiller la résidence du consul saoudien à Istanbul, Mohammad Al-Otaibi. Selon des médias turcs, celui-ci est parti pour Ryad dans l'après-midi.
La fouille du consulat est intervenue après un appel téléphonique dimanche entre le roi Salmane et le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a pressé maintes fois, en vain, les autorités saoudiennes de présenter des images prouvant que M. Khashoggi avait bel et bien quitté le consulat.
L'éditorialiste saoudien s'y était rendu le 2 octobre pour des démarches administratives en vue de son prochain mariage avec une Turque, Hatice Cengiz.
Mardi, Michele Bachelet, Haut-Commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, a réclamé la levée "immédiate" de l'immunité de responsables saoudiens susceptibles d'être impliqués dans la disparition du journaliste.
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A Paris, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a redit que Ryad devait faire toute la lumière sur la disparition de Jamal Khashoggi. Il faudra "en tirer les conséquences" si sa mort est confirmée, selon lui.
Samedi, M. Trump avait pour la première fois estimé possible une implication du royaume, et l'avait menacé d'"un châtiment sévère". L'Arabie saoudite avait promis en retour qu'elle riposterait à d'éventuelles sanctions. Alors que les investisseurs s'enthousiasmaient encore il y a peu des méga-projets du prince héritier, l'affaire Khashoggi semble en avoir refroidi plus d'un.
Le milliardaire britannique Richard Branson a gelé plusieurs projets dans le royaume. Et plus d'une dizaine de grands noms du monde des affaires se sont retirés de la deuxième édition de la conférence "Future Investment Initiative", prévue du 23 au 25 octobre à Ryad.
Cher au prince héritier, l'événement est aussi boudé par des médias comme le Financial Times, le New York Times et The Economist, et par le patron d'Uber.
Lundi, Ari Emanuel, patron d'Endeavor, une grande agence de célébrités à Hollywood, s'est dit "troublé" par l'affaire Khashoggi, alors que des informations circulent sur une possible annulation d'un accord de 400 millions de dollars avec le Fonds public d'investissement saoudien.