"La voix de la France ne pèse plus. Nous avons été laissés en marge de nombreuses négociations", assure M. Juppé dans le quotidien italien.
"Nous devons retrouver notre force et notre crédibilité en faisant des réformes sérieuses comme celle des retraites et du marché du travail", ajoute l'ancien Premier ministre dont un projet de réforme des retraites avait provoqué une contestation sociale majeure en 1995.
"Ce n'est que lorsque nous serons à nouveau à égalité avec l'Allemagne que nous pourrons élargir le leadership à d'autres", explique-t-il.
Pour surmonter la crise que l'Union européenne traverse actuellement, "nous devons retrouver la conscience de notre destin commun", estime M. Juppé pour qui "il est désastreux d'imaginer que chaque pays puisse agir seul".
"Nous risquons de devenir des états vassaux de la Russie, de la Chine ou d'autres", prévient-il.
Quant au Royaume-Uni, qui entend négocier sa sortie de l'UE, M. Juppé assure: "On ne peut pas être à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de l'Europe. Il ne s'agit pas de punir la Grande-Bretagne. Juste d'être cohérents. La France maintiendra une coopération bilatérale très étroite avec Londres. Pour le reste, il faut aller de l'avant".
Revenant sur la signification du concept d'"identité heureuse", dont il a fait un des axes de sa campagne, il assure ne pas avoir "la naïveté de penser que la France nage dans le bonheur".
A la question de savoir ce qui le différencie de son principal rival à la primaire, l'ancien président Nicolas Sarkozy, il répond: "Je crois que les différences n'échappent à personne. L'élection se jouera beaucoup sur la personnalité, c'est la confiance dans le candidat qui comptera, son étoffe d'homme d'Etat".