Rappelez-vous: le parti algérien d'opposition "Jil Jadid" (nouvelle génération) alertait avec Talaie El Hourriyet, parti de l'ancien Premier ministre, Ali Benflis, sur la crise qui plombe le sommet du pouvoir en Algérie en raison de la maladie du président Bouteflika, prévenant que cette crise risquait de conduire le pays «dans une aventure gravissime».
Le parti de Soufiane Jilali, à l'origine de cette alerte relayée par le360, a clairement appelé à l'application de l'article 102 de la Constitution algérienne contre le président algérien, très diminué par la maladie. Un appel qui n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Une pétition circule en effet aujourd'hui via la Toile et les réseaux sociaux pour appeler à la destitution du président-malade. «Lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l'unanimité, au Parlement de déclarer l'état d'empêchement», peut-on effet lire dans le message accompagnant la pétition.
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Sous l'intitulé «Application de l’article 102 de la Constitution: incapacité du président», les signataires jugent que le devoir du président du Conseil constitutionnel est de faire appliquer l’article 102 de la Constitution «afin de déclarer notre président dans l’incapacité de prendre en main la destinée de l’Algérie». «Les générations présentes et futures sauront reconnaître votre valeur», ajoutent-ils.
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Le président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci (ancien MAE algérien), est nommément appelé à activer ledit article 102. «En 2014, vous avez déclaré recevable la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à la Présidence de la République algérienne, et ce, malgré son état de santé déplorable. Aujourd’hui, son état de santé s’est considérablement altéré et n’est plus compatible avec sa fonction, la population algérienne constate avec effroi que le pays est dirigé par un président très diminué et incapable de gouverner dans l’intérêt général».
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Mais il y a plus encore. Le frère du président algérien, Saïd Bouteflika, est aussi épinglé pour avoir profité de l'absence du chef de l'Etat et avoir pris les manettes du pouvoir. «Le président de la République est de surcroît entouré d’un frère qui a pris les rênes de la nation et accapare le pouvoir alors qu’aucun mandat ne lui a été accordé légalement par le biais des urnes», lit-on en effet dans le texte de la pétition.
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Agé de 77 ans, Bouteflika, cloué à son fauteuil roulant en raison de son accident vasculaire cérébral (AVC, diagnostiqué en 2013 à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris), a en effet disparu des écrans radars, à la faveur de son frère cadet, Saïd Bouteflika, accusé à juste titre d'être le vrai meneur du jeu politique en Algérie. Une réalité qui a été mise en évidence lors du récent bras de fer entre le nouveau Premier ministre, Abdelmajid Tebboune, et le patron des patrons algériens, Ali Haddad. Bras de fer tranché en faveur de ce dernier suite à l'intervention de Saïd Bouteflika. Une situation rare qui a démontré que le pouvoir relègue au second plan la gouvernance dès qu'il s'agit des copains et des affaires de Saïd Bouteflika.
Saïd Bouteflika, qui tirait les ficelles du pouvoir en toute discrétion, a décidé de sortir de l'ombre en tentant de s'imposer comme successeur de son frère malade. Une éventualité qui va probablement conduire le très ambitieux général Gaïd Salah à tomber tôt ou tard le masque pour entrer dans une confrontation sans merci avec le frère cadet du président.