Mohamed Chafik Mesbah, un ancien lieutenant-colonel de l’armée algérienne, devenu aujourd’hui homme d’affaires, journaliste-écrivain, bardé de diplômes universitaires, vient d’être nommé conseiller à la sécurité du président algérien, Abdelmadjid Tebboune.
Si aucune explication officielle n’a été donnée quant à son départ de l’Agence algérienne pour la coopération internationale, la solidarité et le développement, où il avait été nommé directeur en avril 2020 par décret présidentiel, c’est apparemment le sabordage volontaire de cette coquille vide qui serait à l'origine du redéploiement de Chafik Mesbah aux côtés du président algérien.
En effet, cette même agence avait en réalité été créée par l’ancien patron du Département de la sécurité et du renseignement (DRS), le général Mohamed Mediène, dit Toufik, pour garder la main aussi bien sur la diplomatie algérienne que sur les services des renseignements extérieurs. D’ailleurs, Chafik Mesbah, considéré comme très proche de Toufik, s’est vu confier l’Agence algérienne de coopération internationale, en vue de dépouiller Sabri Boukadoum, ex-ministre des Affaires étrangères, et le général Mohamed Bouzit, ex-patron de la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE, renseignements extérieurs algériens), de la substance de leurs prérogatives respectives.
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Le site Algerie Part rapporte même un épisode au cours duquel Sabri Boukadoum et Chafik Mesbah ont failli en venir aux mains devant leurs hôtes mauritaniens, lors d’une visite officielle à Nouakchott, chacun des deux hommes accusant l’autre d’outrepasser ses compétences.
De même Chafik Mesbah serait à l'origine de la médiatisation d'un scandale de corruption qui a éclaboussé le général Mohamed Bouzit et son intervention sonnante et trébuchante dans la présidentielle nigérienne de février 2021 au profit d’un candidat précis. C’est finalement Mesbah, en sa qualité de directeur de l’Agence algérienne de coopération internationale, qui sera dépêché (par Toufik, bien évidemment) auprès de l’ancien président nigérien sortant, Mohamadou Issoufou, pour présenter les excuses des autorités algériennes.
La suite, on la connaît, car quasi-simultanément au renvoi de Sabri Boukadoum et son remplacement par Ramtane Lamamra, le général Mohamed Bouzit fut limogé, puis incarcéré à Alger.
Toufik ayant placé depuis ses hommes de main à la tête de la diplomatie et des renseignements extérieurs, il confie aujourd’hui une nouvelle mission à Mesbah, celle de suivre de très près le président Abdelmadjid Tebboune.
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Il est utile à cet égard de rappeler que moins de deux mois seulement après son élection à la présidence, en décembre 2019, Tebboune avait été flanqué, à titre de conseiller à la sécurité et à la défense, par le général à la retraite Abdelaziz Medjahed, qui n’est autre que l’ancien patron, durant la sanglante décennie noire, de l’actuel chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chengriha.
Abdelaziz Medjahed, malgré sa connaissance des rouages et intrigues du pouvoir militaire en Algérie, fut rapidement débarqué par Tebboune. Non seulement à cause de la méprise avec laquelle le conseiller sortant traitait les cadres de la présidence, mais surtout à cause d’une fake news qui a valu à la présidence algérienne d’être démentie et humiliée par la Commission des droits de l’Homme de l’ONU à Genève, qui avait déclaré recevable une plainte déposée contre le régime algérien par des militants de droits de l’homme.
Si Medjahed, cet adorateur de Toufik, avait été immédiatement muté à la tête d’un centre d’études stratégiques, le poste de conseiller présidentiel à la sécurité resta vacant de septembre 2020 jusqu’au 17 mars 2021, date de la nomination d'un général à la retraite, Boumediène Benattou, en tant que «Monsieur défense et sécurité» attitré de Tebboune.
Le général Benattou, également professeur universitaire, car titulaire d’un doctorat d’Etat en sciences politiques après la soutenance d’une thèse sur «Les contrats d’armements et le transfert des technologies vers les pays du Sud», n’a pas été choisi sur la base de son curriculum vitae. Il a plutôt été désigné à ce poste, car il a été limogé, en août 2018, par l’ancien chef d’état-major, feu le général Gaïd Salah, du poste de Contrôleur général de l’armée (CGA), qu’il occupait depuis 2005.
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Aujourd’hui, c’est un ancien officier, qui a également déjà officié au milieu des années 90 en tant que conseiller à la sécurité de l’ex-président Liamine Zeroual, qui revient au palais d'El Mouradia.
Chafik Mesbah, homme entièrement dévoué à Toufik, et qui lui a toujours servi, en quelque sorte, d'éminence grise, va permettre ainsi à ce dernier, de même qu’à son mentor Nezzar, d’étendre leurs tentacules à la présidence et resserrer l’étau autour de Tebboune, plus que jamais affaibli et isolé.
Il faut dire que Tebboune était déjà pressenti pour être le pantin de Gaïd Salah, qui l’a propulsé à la présidence en le sauvant de la prison où voulait le jeter, lui et son fils, le général Wassini Bouazza aux côtés d'autres anciens Premiers ministres, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia. Se retrouvant finalement aux mains des revenants et tout puissants généraux, Mohamed Mediène (dit Toufik), Khaled Nezzar et Djebbar Mhenna, Tebboune ne peut désormais contempler désormais son avenir qu'en pointillés. Surtout que les généraux qui pouvaient encore tenir tête au retour en force du tandem Toufik-Nezzar, comme Mohamed Kaïdi, sont jetés les uns après les autres en prison.