Algérie: Nacer Boudiaf se voit confisquer son passeport

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A 9 mois du scrutin présidentiel, la guerre de succession s’intensifie, avec ce tout dernier évènement: le passeport diplomatique de Nacer Boudiaf, fils de feu Mohamed Boudiaf, assassiné en 1992, lui a été confisqué par le ministre des Affaires Etrangères, Abdelkader Messahel.

Le 06/09/2018 à 18h13

Selon plusieurs médias électroniques algériens, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, vient de priver Nacer Boudiaf du passeport diplomatique dont il disposait, dans le but d'entraver sa mobilité et de limiter l’impact de ses activités.

La raison de cette décision est facile à comprendre... Le fils de Mohamed Boudiaf, président assassiné le 29 juin 1992 à Annaba, avait annoncé son intention de briguer la magistrature suprême, peu après avoir commémoré l’anniversaire de cet assassinat sur la terre qui a vu naître son père, Ain Madhi, dans la wilaya de M’sila.

"A Aïn Madhi, devant une foule nombreuse parmi laquelle des moudjahidines et des médias, j’ai annoncé ma candidature pour l’élection de 2019 ainsi que mon projet national qui contient toutes les solutions à la crise provoquée par ce régime corrompu dont je rêve de débarrasser mon pays", écrit-il sur son compte Facebook.

Boudiaf, qui vient de lancer son mouvement politique "L’Algérie avant tout", soutient aussi qu’il dispose de solutions à la crise multidimensionnelle qui secoue le pays. "Nous disposons de solutions pour réaliser la justice, élever le niveau de l’école, promouvoir l’économie, réaliser la démocratie et restituer la souveraineté au peuple algérien", explique-t-il.

Nacer Boudiaf n'entend ni se laisser faire, ni intimider par les autorités algériennes qui cherchent à le forcer à retirer sa candidature, considérée comme indésirable. Peut-être que le fils de feu Mohammed Boudiaf connaîtra le même sort que Yasmina Khadra ? L'écrivain avait été écarté en 2014 de la course au Palais d’El Mouradia, après avoir été empêché par le pouvoir algérien de récolter le nombre de signatures requises pour se porter candidat.

Alors que la candidature de Boudiaf est jugée "crédible", le pouvoir algérien s’emploie à le torpiller méthodiquement pour laisser le champ libre au président Abdelaziz Bouteflika de briguer un 5e mandat consécutif. 

Dans un entretien au quotidien "El Watan" Nacer Boudiaf affirme avoir créé un mouvement politique appelé "L’Algérie avant tout", un mouvement inspiré par le projet de société proposé par Mohamed Boudiaf et à cause duquel il avait été assassiné. "C’est un projet qui veut mettre les intérêts de l’Algérie en tant que pays, peuple et nation avant les intérêts bassement matériels de personnes qui gèrent ce système qui nous gouverne depuis l’extérieur depuis 1962", explique-il.

Et Nacer Boudiaf d’ajouter que "le système et ses serviles servants me reprochent en fait d’être le fils de mon père, mais ils ne veulent pas qu’on leur reproche d’avoir massacré le pays, en le ridiculisant devant le monde entier". "Laissez le peuple choisir entre moi, capitalisant le passé de mon père, et le système capitalisant la gabegie de milliards de dollars détournés, dilapidés, aux dépens du peuple", a-t-il encore lancé.

Avec la confiscation de ce passeport, un énième coup de force, les tenants du pouvoir en Algérie viennent de démontrer avec éclat qu’ils sont bien décidés à perpétuer le statu quo et à barrer la route à toute autre candidature que celle de Abdelaziz Bouteflika pour la Présidentielle d’avril 2019.

Pour faire aboutir leur projet, le gouvernement et les partis proches du pouvoir sont entrés, de leur propre aveu, en campagne anticipée pour un cinquième mandat pour Bouteflika en usant de façon illégale et abusive de tous les moyens de l’Etat, ce qui, dans un Etat de droit dotée d'une justice digne de ce nom, aurait donné matière à poursuites pour actes délictueux.

"Il faut une recomposition politique pour en finir avec le système hérité du parti unique qui est devenu un danger pour l’État et la nation. Le respect de la souveraineté populaire est le garant essentiel pour la défense de la souveraineté du pays. Une souveraineté populaire qui permettra de mettre en place un gouvernement responsable devant les élus véritables du peuple", affirme Louisa Hanoune, présidente du Parti des Travailleurs (PT).

Cette leader politique reconnue estime en effet qu’il ne faut pas tromper le peuple en essayant de le convaincre qu’il est encore possible de réformer le système de l’intérieur. "Le pays est secoué par une crise multidimensionnelle, conséquence de l’immobilisme politique, économique, social et culturel", déplore-t-elle.

C’est dire si dans ce climat général de répression, d’intimidations et de coups de force, opérés par un petit groupe de personnes profitant des avantages du pouvoir et acquis au système des rentes, les Algériens sont en droit de réagir et de refuser l’humiliation qui leur est imposée. Le danger pesant sur la cohésion sociale et la stabilité du pays paraît évident, du fait de la volonté de ce même pouvoir de maintenir le statu quo, de conforter l’alternance clanique face à l’alternative démocratique.

Le 06/09/2018 à 18h13