"Aux yeux du régime politique en place, les élections n'ont que trois fonctions : conférer périodiquement une légitimité nominale aux institutions ; accréditer un semblant de normalité dans un pays qui fait face à une impasse totale, politiquement, économiquement et socialement et, enfin, entretenir l'illusion de l'existence d'un pluralisme politique dans le pays", a-t-il expliqué dans un entretien publié mercredi sur le site français "Le Point Afrique". Et de noter qu'il n'est un secret pour personne que le régime s'assure que les élections remplissent ces trois fonctions au moyen de la tricherie politique.
Pour cela, il a fait adopter récemment des lois qui favorisent la fraude électorale. Il a créé une instance de surveillance des élections à sa solde et il a par ailleurs confié à l'appareil politico-administratif l'intégralité de la préparation et de l'organisation des échéances électorales à venir, a ajouté cet ancien Premier ministre et ancien candidat à la présidentielle.
C'est le régime politique en place qui édicte les règles de la compétition électorale, qui fixe les conditions dans lesquelles elles devront se tenir et qui alloue aux participants leurs quotas de sièges en fonction de leur docilité ou de leur indocilité, a encore dit Benflis, appelant à s'inspirer de ce qu'ont fait d'autres pays, y compris dans son voisinage immédiat, pour conférer à leurs processus électoraux l'honnêteté, la sincérité et la transparence qu'ils requièrent.
L'enjeu est de mettre fin à la mainmise de l'appareil politico-administratif sur la préparation, l'organisation et le contrôle des élections, a-t-il noté, soulignant qu'aujourd'hui, la réalité des élections est connue de tous.
A cet égard, il a plaidé pour la mise en place d'une véritable instance indépendante et souveraine qui prendrait en charge l'intégralité de la préparation, de l'organisation et du contrôle de tous les processus électoraux. Ce que "refuse, avec intransigeance, le régime politique en place".
"Il ne s'agit pas d'aménagements, mais d'une refondation de notre système politique : le passage d'un pouvoir autocratique à un Etat de droit exige plus que des ravalements de façade", a insisté Benflis, ajoutant que l'Algérie fait face à une véritable crise de régime dans tous les sens de ce concept, qu'ils soient politiques, constitutionnels ou institutionnels.
Face à la revendication d'un changement démocratique, le pouvoir en place multiplie les refus et s'emploie à gagner du temps, a-t-il encore dit, faisant observer que les stratégies guidées par le seul souci de gagner du temps ne sont pas des stratégies qui tiennent et durent indéfiniment.
Dans ce sens, il a appelé le régime à mettre fin au régionalisme, au corporatisme et au clanisme dans la gestion de l'Etat et à combattre sans relâche le fléau de la corruption qui a fini par tout gangrener.