Un nouveau pas dans la fuite en avant (et le retour en arrière) érigée par l'establishment algérien au rang de "politique d'Etat". Celui que vient de franchir le ministre algérien de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, qui à l'instar du président Bouteflika et de son chef de cabinet, Ahmed Ouyahia, a servi la théorie du "complot extérieur" en guise de réponse à la pluie d'alertes internationales contre l'effondrement de l'Algérie. Dans une déclaration au site d'information Algérie1, faite jeudi en marge de sa visite d'inspection dans la wilaya de Tizi Ouzou, le patron de la police algérienne a pointé des "menaces et des volontés malsaines de nuire à la stabilité et la sécurité de notre pays".
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Selon le ministre algérien, qui était en campagne dans cette wilaya kabyle pour tenter d'inciter les citoyens à voter lors des législatives de mai prochain, la réponse à "ces menaces et ces volontés malsaines de nuire à la stabilité et la sécurité de notre pays" serait "une participation massive aux élections"! "Le vote du citoyen est un acte pour conforter cette stabilité et participer à la sécurisation du pays", a-t-il estimé.
La sortie du ministre de l'Intérieur intervient après celle de son collègue des Affaires étrangères, Ramtan Lamamra, quand il a demandé, pour ne pas dire enjoint, à la presse algérienne de ne pas prêter de crédit ni de relayer les mises en garde internationales contre la faillite du régime algérien.
Au lieu de regarder en face les problèmes et ces dizaines de rapport internationaux et de déclarations de personnalités neutres et objectives qui annoncent la désagrégation de l’Etat algérien, les responsables algériens servent au peuple la théorie du complot extérieur… Et refusent de regarder le naufrage du bateau Algérie.
Le recours à la théorie du "complot" n'enlève rien au sérieux des rapports internationaux et des signaux d'alarme envoyés par les grandes publications internationales. Les derniers en date sont ceux du quotidien allemand Die Welt (distribué dans 130 pays", et du magazine Der Spiegel, après l'annulation, pas plus tard que lundi dernier, du voyage de la chancelière Angela Merkel en Algérie, en raison de la détérioration de l'état de santé du président Bouteflika.
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Les inquiétudes internationales quant à l'effondrement de l'Etat algérien s'accentuent, les scénarios catastrophes, aussi. Les symptômes sont là: vacance institutionnelle (toujours pas de successeur au président malade), lutte de pouvoir féroce que se livrent le clan du frère du président, Saïd Bouteflika, et celui du chef d'état-major de l'armée algérienne, le général Gaïd Salah, accusé de préparer un putsch blanc similaire à celui perpétré par l'ex-maréchal égyptien Abdelfettah al-Sissi, crise économique et financière déasastreuse due au plongeon des cours de pétrole, hausse du taux de chômage tout particulièrement chez les jeunes (31%), ras-le-bol social sur fond de suppression des subventions des produits de consommation de base et hausse de 2% de la TVA...
En somme, tous les ingrédients de l'implosion sont réunis et "il ne manquerait que l'étincelle pour mettre le feu à la poudrière algérienne", selon le quotidien allemand Die Welt.
Pour rappel, un récent rapport de l'American Entreprise Institue a indiqué que la question n'est plus de savoir si mais quand l'Algérie s'effondrera.
Autant d'alertes qui ne semblent pas inquiéter l'establishment algérien. Au lieu de prendre au sérieux ces signaux d'alarme, le régime algérien dresse un tableau idyllique, à l'instar de celui servi le 18 février par le président Bouteflika, à l'occasion de la "journée du Martyr". Rarement l'expression "appliquer la politique de l'autruche" aura été aussi significative.