Souhaitez-vous que votre région dispose de "formes supplémentaires et conditions particulières d'autonomie?". C'est à cette question que les électeurs lombards et vénitiens sont appelés à répondre, de 07H00 à 23H00 (05H00 à 21H00 GMT).
Les sondages donnent une nette avance au oui, mais la vraie inconnue reste la participation. À la mi-journée, celle-ci était de 10% en Lombardie tandis que la Vénétie était plus mobilisée avec 21,1% des électeurs qui s'étaient déjà rendus aux urnes.
"Je suis heureux que des milliers, j'espère des millions, d'électeurs de Vénétie et de Lombardie demandent une politique plus proche, plus concrète et efficace, moins de bureaucratie et de gâchis", a déclaré Matteo Salvini, le leader de la Ligue du Nord, parti promoteur du référendum.
La Lombardie et la Vénétie sont deux régions parmi les plus riches d'Italie, dont elles contribuent à hauteur de 30% au PIB. Elles figurent parmi les plus "vertueuses" en termes d'endettement, de dépenses publiques par habitant et du fonctionnement du système de santé.
Elles présentent aussi à elles deux un solde fiscal -différence entre ce que les habitants versent en taxes et impôts et reçoivent au titre des dépenses publiques- de quelque 70 milliards d'euros.
Une somme colossale dont les présidents des régions Lombardie, Roberto Maroni, et Vénétie, Luca Zaia, membres de la Ligue du Nord (extrême droite), entendent réclamer la moitié à Rome si les électeurs sont assez nombreux à voter oui.
Ils estiment en effet que cet argent est mal utilisé par l'État central et pourrait l'être de manière beaucoup plus efficace, y compris via des partenariats entre régions.
"C'est une page de l'histoire de la Vénétie qui s'écrit, la région ne sera plus comme avant", a déclaré Luca Zaia, qui a voté à San Vendemiano, une localité de la province de Trévise.
"Je suis venu voter pour le oui parce que je pense qu'il est juste que la situation fiscale, la richesse de la Lombardie, reste au moins à 50% en Lombardie", a déclaré à l'AFP Franco Bonadonna, un électeur milanais de 82 ans.
Chiara Palomba, 30 ans, juge que "ce vote n'a pas beaucoup de valeur parce que notre Constitution permet déjà aux régions de demander plus d'autonomie au gouvernement, il pouvait donc être évité".
Avec cette consultation, les présidents des deux régions comptent aussi obtenir des compétences supplémentaires dans les infrastructures, la santé ou l'éducation, et même des prérogatives réservées à l'État en matière de sécurité et d'immigration, thèmes chers à la Ligue mais qui requerraient une révision de la Constitution.
Contrairement à la Catalogne, ce référendum consultatif est prévu par la Constitution italienne et son importance est relativisée en Italie même.
La situation catalane continue d'ailleurs à faire les gros titres, reléguant au second plan les deux scrutins régionaux.
"Le référendum catalan (du 1er octobre jugé illégal par Madrid, NRLR), était pour l'indépendance, alors que la Lombardie et la Vénétie demandent plus d'autonomie. Attention, donc, à ne pas interpréter les référendums de dimanche comme étant l'amorce d'une saison indépendantiste", explique le président du Parlement européen Antonio Tajani.
En Vénétie, la participation doit dépasser les 50% pour que le scrutin soit validé. Les habitants de cette région, où l'identité est forte et le tissu économique composé de multiples petites entreprises, semblent mobilisés. En Lombardie, en revanche, le scrutin ne passionne guère, même si Milan est couverte d'affiches.
Aucun quorum n'est prévu : M. Maroni assure qu'une participation supérieure à 34% serait un succès, mais ses adversaires du Parti démocrate (PD, centre gauche, au pouvoir) jugent qu'en dessous de 50%, le scrutin sera un "flop".
À un moment où l'Espagne est dans toutes les têtes, Nicola Lupo, un professeur de droit constitutionnel à l'université Luiss de Rome, pense que "les similarités avec la Catalogne sont minimes, le sentiment indépendantiste n'étant pas très diffusé" dans les deux régions.
La Ligue du Nord elle-même a relégué aux oubliettes les velléités indépendantistes de ses jeunes années mais les vrais indépendantistes, très minoritaires, soutiennent le référendum, qu'ils voient quant à eux comme un galop d'essai.
Cette consultation a reçu le soutien de Forza Italia de Silvio Berlusconi (centre droit), du Mouvement Cinq étoiles (populiste) et de plusieurs syndicats et organisations patronales.
Le Parti démocrate n'a pas donné de consignes, mais plusieurs de ses ténors, comme le maire de Milan, voteront oui.
Des formations de gauche, le Parti communiste par exemple, ont en revanche appelé à s'abstenir, dénonçant un "gaspillage d'argent public" pour "un référendum farce".