Le ministère de l'Intérieur s'est contenté de parler d'une "explosion dans la mosquée de la localité de Koudeih", province de Qatif. Mais la télévision publique El-Ekhbariya a parlé d'un attentat suicide ainsi que des militants chiites et des témoins. Le mufti d'Arabie saoudite, plus haut dignitaire de l'establishment religieux sunnite, cheikh Abdel Aziz ben Abdallah Al-Cheikh, est intervenu en direct sur El-Ekhbariya pour dénoncer l'attentat : "C'est un acte criminel destiné à creuser un fossé entre les fils de la nation (...) et à propager les troubles dans notre pays".
Le ministère de l'Intérieur n'a pas fait état de victimes, promettant de publier des détails ultérieurement, mais de nombreux militants chiites ont avancé différents bilans, allant de quatre à 22 morts, outre de nombreux blessés. Des sites d'information de l'est de l'Arabie saoudite et des versions en ligne des quotidiens nationaux ont publié des photos de corps de victimes baignant dans leur sang et les ambulances transportant les blessés.
Le site du quotidien Arryadh a notamment mis en ligne des photos de tapis de prière imbibés de sang et du faux plafond de la mosquée qui s'est effondré en partie sous le souffle de l'explosion. Des témoins avaient indiqué, dans un premier temps, que le kamikaze était un Pakistanais mais d'autres ont évoqué une personne habillée à l'afghane sans pouvoir dire s'il s'agit d'un Saoudien ou non.
Le kamikaze s'est mêlé à la foule des fidèles venus assister à la prière du vendredi avant de détoner la charge explosive qu'il portait sur lui, selon d'autres témoins. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, cité par l'agence officielle SPA, a indiqué qu'une enquête avait été ouverte.
Selon l'un des militants chiites, l'hôpital de Qatif a lancé des appels à des dons de sang. L'établissement a également rappelé des membres du personnel qui étaient de repos. La localité de Koudeih est située au nord de la ville de Qatif, au coeur de la Province Orientale, région pétrolière où se concentre la minorité chiite qui se dit victime de discriminations dans le royaume saoudien.
Les autorités saoudiennes ont multiplié ces derniers mois les arrestations parmi des extrémistes sunnites soupçonnés de planifier des attaques pour attiser les tensions confessionnelles dans le pays. En novembre, des hommes armés ont tués sept chiites, dont des enfants, dans la localité d'Al-Dalwa (est) pendant la célébration du deuil chiite de l'Achoura.
Quatre assaillants ont participé à l'attaque. Ils avaient auparavant abattu un homme dans une localité voisine et utilisé sa voiture pour mener l'attaque. Le mois dernier, les autorités ont annoncé le démantèlement d'une cellule de 65 personnes soupçonnées de liens avec le groupe extrémiste sunnite Etat islamique (EI) et cherchant à perpétrer des attaques pour "attiser les tensions confessionnelles".Depuis 2011, la Province Orientale a connu des attaques sporadiques contre les forces de sécurité et des protestations qui ont fait une vingtaine de morts.