Le 21 juin 2017, le roi Salmane propulse son jeune fils Mohamed, 31 ans, prince héritier, après avoir évincé son neveu, Mohammed ben Nayef. Devenu l'homme fort du Royaume après l'accession de son père au trône en 2015, Mohamed ben Salmane, qui garde ses fonctions de ministre de la Défense, confirme son ascension dans un contexte de crise avec le Qatar voisin.
Le 5 juin, Riyad et trois de ses alliés arabes ont rompu leurs relations avec Doha, qu'ils accusent de soutenir "le terrorisme" et de se rapprocher de l'Iran, grand rival régional de l'Arabie saoudite. Riyad et Téhéran sont engagés depuis des années dans des conflits par procuration, en Syrie, au Yémen, en Irak et au Liban.
Le 26 septembre, l'Arabie saoudite autorise les femmes à conduire, à partir de juin 2018, brisant un tabou dans ce royaume ultraconservateur. La décision porte l'empreinte du prince héritier, connu sous le nom de "MBS", architecte d'un vaste programme de réformes économiques et sociales baptisé "Vision 2030". Plusieurs autres réformes vont être opérées dans le pays. Mais les Saoudiennes restent soumises à de nombreuses restrictions, et les autorités poursuivent une campagne de répression à l'encontre de militants des droits de l'Homme. En septembre, les autorités arrêtent une vingtaine de personnes, dont des prédicateurs influents et des intellectuels.
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Le 4 novembre, une vaste campagne anticorruption est lancée sous l'impulsion de "MBS". L'hôtel de luxe Ritz-Carlton de Riyad sert pendant trois mois de "prison dorée" pour des dizaines de princes et de hauts responsables au centre d'une purge anticorruption. Nombre des suspects, dont le prince milliardaire Al-Walid ben Talal, ont été libérés après des "arrangements" financiers avec les autorités.
Le 4 novembre également, le Premier ministre libanais Saâd Hariri annonce, à la surprise générale, sa démission depuis Riyad, accusant le mouvement armé Hezbollah et l'Iran de "mainmise" sur le Liban. Face à l'imbroglio, la France intervient pour trouver une porte de sortie. Saâd Hariri rentre dans son pays trois semaines plus tard, et renonce à démissionner. L'Arabie saoudite, accusée alors d'avoir forcé Hariri à quitter ses fonctions et de le retenir contre son gré, a récemment démenti.
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Le 7 novembre, le prince héritier déclare que "l'implication de l'Iran dans la fourniture de missiles aux (rebelles yéménites) Houthis est une agression militaire directe par le régime iranien". Quelques jours auparavant, un missile balistique tiré par ces rebelles avait été intercepté au-dessus de Riyad. Des débris de l'engin étaient tombés dans le périmètre de l'aéroport international. Depuis mars 2015, Riyad est à la tête d'une coalition arabe aidant les forces gouvernementales dans leur guerre contre les Houthis et leurs alliés, maîtres de la capitale Sana'a depuis 2014.
Le 15 mars 2018, Mohamed ben Salmane affirme que si l'Iran se dote de l'arme nucléaire, l'Arabie saoudite fera "de même le plus rapidement possible".
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En mai, Riyad, qui n'a jamais caché ses réserves vis-à-vis de l'accord passé en 2015 entre l'Iran et six puissances mondiales, applaudit la décision de Donald Trump de se retirer de l'accord.
En mars, après des visites en Egypte et en Grande-Bretagne, où il déjeune avec la reine Elizabeth II, Mohammed ben Salmane mène une tournée de plus de deux semaines aux Etats-Unis, où il est notamment reçu par Donald Trump à la Maison-Blanche. Il effectue ensuite des visites en France et en Espagne.
Début avril, le roi Salmane "réaffirme la position inébranlable du royaume sur la question palestinienne et les droits légitimes du peuple palestinien à un Etat indépendant avec Jérusalem comme capitale". Au même moment, son fils estime que les Israéliens ont le "droit" d'avoir leur propre Etat comme les Palestiniens. "Israël est une grande économie" en "pleine croissance", "et bien sûr il y a beaucoup d'intérêts que nous partageons avec Israël", dit-il.