Ceci constitue l'"un des meilleurs chiffres de ces vingt dernières années", se félicite la ministre française des Armées Florence Parly.Ce rappor destiné au Parlemen a été publié mardi.
Le Proche et le Moyen-Orient sont restés l'an dernier la première région d'exportation de la France, avec près de la moitié du total des prises de commandes, selon les chiffres officiels.
Sur les dix dernières années (2009-2018), les trois plus gros clients d'armement français sont l'Inde (avec une commande de 36 Rafale), l'Arabie saoudite et le Qatar.
Troisième pays exportateur d'armes dans le monde, après les Etats-Unis et la Russie, la France est régulièrement mise en cause, notamment par des ONG et des parlementaires, pour ses ventes d'armement à l'Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis, engagés dans un conflit au Yémen qui a fait des dizaines de milliers de morts depuis 2015, dont de nombreux civils.
En 2018, le gouvernement saoudien demeure le troisième client de la France en matière d'armement avec des prises de commandes en hausse de 50% sur un an, à près d'un milliard d'euros (dont un contrat de patrouilleurs supérieur à 500 millions), loin devant les Emirats (environ 200 millions).
Lire aussi : Armement: 4 milliards de dollars pour 25 nouveaux chasseurs F-16 au Maroc
Ryad est devancée par le Qatar - près de 2,4 milliards d'euros en raison d'un gros contrat de 28 hélicoptères NH90 et d'un autre pour l'achat de 12 chasseurs Rafale supplémentaires - et par la Belgique (environ 1,1 milliard) qui a conclu un partenariat avec Paris dans les blindés.
La France, qui répète dans ce rapport que ses exportations d'armes sont soumises à "un processus de contrôle interministériel rigoureux", affirme avoir des assurances que les armements vendus à l'Arabie et aux Emirats ne sont pas utilisés contre des civils au Yémen, et insiste sur l'importance du "partenariat stratégique" avec ces deux pays.
"Entretenir des relations économiques avec ces pays, c'est garder une prise sur des régions clés pour nos intérêts de sécurité, pour nos approvisionnements énergétiques", souligne Mme Parly dans le rapport.
"Exporter des équipements, c'est dynamiser notre industrie de défense", fait-elle également valoir, en rappelant que l'armement représente 13% des emplois industriels, avec 200.000 postes.
"Le rapport 2018 confirme nos craintes les plus vives", a réagi Tony Fortin, de l'Observatoire des armements, en regrettant que "les contrats et les livraisons avec des pays accusés de crimes de guerre (Arabie saoudite) ou de répression contre leur population (Egypte) atteignent des montants très élevés".
Pour Jon Cerezo, de l'ONG Oxfam France, "la France doit arrêter de se rendre complice d'une des pires crises humanitaires dans le monde et de la souffrance subie par la population yéménite depuis plus de 4 ans".
Lire aussi : Avions de chasse algériens, ce long cortège de cercueils volants
Même si l'exportation de ces armes est techniquement légale, les ONG les contestent en vertu du Traité de l'ONU sur le commerce des armes, ratifié par la France et dont dont l'article 6 interdit toute vente dès lors que les matériels concernés pourraient servir à conduire "des attaques dirigées contre des civils".
Dans son rapport, le gouvernement français met par ailleurs l'accent sur la part croissante de l'Europe dans ses exportations d'armement, soit plus de 25% du total contre 10% en moyenne les années précédentes.
"Ce chiffre traduit les efforts soutenus de construction de notre Europe de la défense", note Florence Parly, pour qui "derrière l'export, il y a la construction incessante de l'autonomie stratégique européenne", un des grands chevaux de bataille du président français Emmanuel Macron.
Outre la Belgique, l'Espagne figure aussi parmi ses cinq premiers clients, avec respectivement un contrat de 442 blindés et un autre portant sur 23 hélicoptères NH90.
La zone Asie-Pacifique enregistre un peu moins de 15% du montant total, part comparable à celle observée en 2017.