Plusieurs témoins interrogés, parmi la centaine déjà entendue, ont évoqué la religiosité du Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, auteur de l’attaque de Nice du 14 juillet. Inconnu des services de renseignement français. Son père avait affirmé qu'il n'avait "aucun lien avec la religion".
Le tueur avait aussi repéré les lieux avec son camion les 12 et 13 juillet avant le carnage du 14 juillet, a indiqué dimanche une source proche des enquêteurs français.
Selon les premiers témoignages de voisins, l'assaillant, présenté par l'EI dans sa revendication comme "un soldat de l'Etat islamique", semblait avoir un profil de déséquilibré, multipliant les "crises" avec sa famille.
"Il semble qu'il se soit radicalisé très rapidement", avait déclaré samedi le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve après une réunion de crise du gouvernement.
En fonçant à bord d'un poids lourd sur la foule rassemblée sur la Promenade des Anglais à Nice, le soir de la fête nationale, le tueur a écrasé 200 personnes et fait 84 morts, dont dix enfants et adolescents. Au moins 17 étrangers figurent parmi les morts.
Dimanche, les autorités ont procédé à deux nouvelles interpellations, un homme et une femme, selon une source judiciaire. Quatre hommes de l'entourage de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, et son ex-épouse étaient toujours en garde en vue.
Huit mois après avoir décrété l'état d'urgence en France et adopté de nouvelles lois antiterroristes dans la foulée des attaques jihadistes du 13 novembre à Paris, le gouvernement socialiste a appelé samedi "tous les Français patriotes" à venir épauler les forces de sécurité.
Cet appel de Bernard Cazeneuve à rejoindre les réservistes de la police et la gendarmerie est la seule proposition nouvelle lancée par le pouvoir, acculé de toutes parts à réagir trois jours après le carnage.
L'ancien Premier ministre Alain Juppé et candidat à la primaire de droite pour la présidentielle, a de nouveau tiré à boulets rouges sur le gouvernement en estimant dimanche que "nous pouvons faire plus et mieux même si, bien sûr, le risque zéro n'existera jamais". Il appelle ainsi à "passer à la vitesse supérieure" contre le terrorisme.
Même son de cloche chez le président du Sénat Gérard Larcher (droite) qui s'est dit favorable à la prolongation de l'état d'urgence après l'attentat de Nice, mais estime dimanche que "les Français attendent plus du président de la République et du gouvernement".
La chef du parti d'extrême droite Front national, Marine Le Pen, a quant à elle appelé le ministre de l'Intérieur à démissionner au vu des "carences gravissimes" de l'Etat dans la protection des Français.
Mais le Premier ministre Manuel Valls a mis en garde dans le Journal du dimanche contre toute surenchère: "Je vois bien, aussi, dans l'escalade des propositions, monter la tentation de remettre en cause l'État de droit".
"Mais remettre en cause l'État de droit, remettre en cause nos valeurs serait le plus grand renoncement", fait-il valoir.
A coup de chiffres, les autorités cherchent à tout prix à rassurer l'opinion sur l'implication des forces de l'ordre : "100.000 policiers, gendarmes et militaires sont mobilisés pour assurer la sécurité de nos concitoyens", a affirmé M. Cazeneuve.
L'effectif de l'opération militaire Sentinelle, maintenu à 10.000 hommes contre 7.000 prévus initialement après la fin de l'Euro-2016, restera à ce niveau "jusqu'à la fin de l'été", a de son côté annoncé le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian.
Le "ras-le-bol" des Français face à la vague d'attentats se lisait dans les messages déposés sur la Promenade des Anglais. "Assez de discours !", "Marre des carnages dans nos rues !", "Arrêtons le massacre !", pouvait-on notamment lire.
Point d'orgue des trois jours de deuil national, la France marquera une minute de silence lundi à 10H00 GMT. Après ce moment de recueillement, la Promenade des Anglais à Nice, capitale de la Côté d'azur (sud-est), sera totalement rouverte au public.
Un troisième Conseil de défense se tiendra lundi matin à la présidence française. L'attentat de Nice est la troisième tuerie de masse en France, après ceux de janvier 2015 contre le journal satirique Charlie Hebdo, des policiers et des juifs (17 morts) et du 13 novembre (130 morts à Paris et à Saint-Denis).