Si cette "hypothèse" des enquêteurs se confirme, Fayçal Cheffou, inculpé notamment "d'assassinats terroristes" et écroué, serait donc "l'homme au chapeau" repéré par les caméras de surveillance de l'aéroport de Bruxelles-Zaventem.
Chapeau sombre, veste claire sur une chemise bleu ciel et grosses lunettes de vue, ce suspect recherché depuis les tueries de mardi apparaît sur la droite de la photo qui a fait le tour du monde, en train de pousser son bagage sur un chariot. A ses côtés, les deux kamikazes identifiés, Najim Laachraoui et Ibrahim El Bakraoui, qui se sont fait exploser une minute avant 08H00.
Arrivé avec eux en taxi, "l'homme au chapeau" a "déposé un grand sac" qui contenait "la charge explosive la plus importante" avant de quitter les lieux, selon les enquêteurs. La police a rapidement émis un avis de recherche avec sa photo.
Or le chauffeur de taxi qui les a déposés à l'aéroport a reconnu Fayçal Cheffou comme étant le troisième homme, selon des médias belges, et des analyses sont en cours pour tenter de confirmer ou infirmer cette identification.
La police a donc pris Cheffou en filature et l'a interpellé jeudi alors qu'il passait en voiture... devant le parquet fédéral belge, non loin de son domicile.
"Il voyait le mal partout"Car le principal suspect encore vivant des attentats les plus meurtriers depuis 1945 dans le royaume habite dans un quartier paisible à un jet de pierre des institutions européennes.
Ses voisins le décrivent comme quelqu'un de "très gentil" et "discret". A l'entrée de son immeuble Art nouveau figure bien son nom sur la sonnette, écrit à la main. Mais personne ne répond.
Cheffou, 30 ans, se présente comme "journaliste indépendant". Il apparaît dans une vidéo postée mi-2014 sur l'internet et intitulée "Les musulmans privés de nourriture dans une prison pour réfugiés". Il y intervient, micro en main, cheveux rasés et barbe finement taillée, devant un centre de rétention pour migrants pour accuser l'administration de servir des repas en dehors des horaires permettant aux musulmans de manger pendant le ramadan.
"Ces personnes là, à partir de 22H00, se retrouvent sans nourriture, complètement oubliées du reste du monde (...) Je trouve cela totalement irrespectueux des droits humains", commente-t-il, "perturbé par les cris" émis depuis le centre.
Vinz Kanté, animateur de Fun Radio en Belgique, a travaillé avec lui en 2008 dans une station bruxelloise. Il se souvient d'un homme "passionné", "intelligent", "à l'écoute des gens". "Il aimait la presse, la télévision, les médias", a-t-il expliqué à la station RTL.
Mais l'ex-collègue décrit aussi un Cheffou qui, progressivement, se met à soutenir des thèses de plus en plus conspirationnistes trouvées sur l'internet. "Il voyait le mal partout", explique Vinz Kanté, qui a fini par prendre ses distances.
En 2015, Fayçal Cheffou commence d'ailleurs à attirer l'attention des autorités. A Bruxelles, des élus l'accusent de tenter de recruter des candidats au jihad dans un parc bruxellois qui accueillait des demandeurs d'asile.
Le considérant "dangereux", le bourgmestre de Bruxelles Yves Mayeur l'aurait signalé aux autorités judiciaires à plusieurs reprises avant de prendre, en septembre, selon le quotidien Le Soir, un arrêté lui interdisant l'accès à ce parc.