Au Pakistan, apparition d'affiches appelant à un coup d'Etat militaire

AFP / A MAJEED

Les Pakistanais ont découvert mardi dans plusieurs villes des affiches appelant le chef des armées à renoncer à prendre sa retraite et à s'emparer du pouvoir, dans un pays longtemps dirigé par les militaires.

Le 12/07/2016 à 14h42

Des dizaines de posters sont apparus pendant la nuit dans plusieurs rues de la capitale Islamabad, et dans les grandes villes de Lahore, Karachi et Rawalpindi, siège du quartier général de l'armée.

Ornés d'une photo du très populaire chef d'Etat major pakistanais, le général Raheel Sharif, arborant un képi et une épaisse moustache, ils sont signés par le parti politique "Move on Pakistan", créé en 2013 et peu connu du public.

"Parler de départ n'est plus d'actualité, venez maintenant pour l'amour de Dieu", clament les affiches, alors que le général Sharif a fait savoir en janvier qu'il prendrait sa retraite à la fin de l'année, rompant avec une longue tradition d'extensions de mandats parmi ses prédécesseurs.

"Une dictature vaut bien mieux que ce gouvernement corrompu", a expliqué à l'AFP le chef de file du mouvement Move on Pakistan, Ali Hashmi.

Saluant "la manière dont le général Raheel Sharif a géré le terrorisme et la corruption", M. Hashmi souligne "qu'il n'y a aucune garantie que son successeur soit aussi efficace que lui". Ni l'armée ni le gouvernement n'ont souhaité réagir dans l'immédiat.

Raheel Sharif est extrêmement populaire au Pakistan, où le public lui sait gré de la relative amélioration de la situation sécuritaire. Des mots-dièses comme #ThankYouRaheelSharif (merci Raheel Sharif) ou #PakLovesGenRaheel (le Pakistan adore le général Sharif) circulent régulièrement sur Twitter.

A l'inverse, le gouvernement du Premier ministre Nawaz Sharif (sans lien avec le général) est très impopulaire et réputé corrompu et inefficace.

Les affiches ont rapidement été retirées par les forces de l'ordre à Islamabad et dans la province du Punjab, fief du Premier ministre, mais restent en place dans les autres provinces, a indiqué M. Hashmi.

Le Pakistan a été dirigé par des militaires pendant plus de la moitié de ses 69 ans d'existence et les experts estiment qu'ils tirent toujours les ficelles en matière de défense et de politique étrangère.

Le successeur de Raheel Sharif aura pour difficile tâche de contenir les mouvements insurgés à l'intérieur du pays, gérer des relations très conflictuelles avec l'Inde et tenter de promouvoir la paix en Afghanistan.

Le 12/07/2016 à 14h42