Une coopération «sans précédent »: Joe Biden, avec les dirigeants australien et britannique, a lancé hier lundi 13 mars un spectaculaire programme de sous-marins à propulsion nucléaire, destiné à tenir tête à la Chine dans le Pacifique. «Nous nous mettons dans la meilleure position qui soit pour faire face ensemble aux défis d’aujourd’hui et de demain», a dit le président américain depuis une base navale de San Diego.
«Nous nous mettons dans la meilleure position qui soit pour faire face ensemble aux défis d’aujourd’hui et de demain»
— Joe Biden, Président des États-Unis d'Amérique.
Entouré d’Anthony Albanese et de Rishi Sunak, Joe Biden a assuré que les Etats-Unis ne pouvaient avoir «de meilleurs amis», en vantant cette alliance à trois baptisée AUKUS, qui avait fait enrager la France lors de son annonce il y a dix-huit mois.
Le Premier ministre australien a souligné que son pays faisait «le plus grand investissement de (son) histoire» via ce partenariat, qui prévoit l’achat de sous-marins américains à propulsion nucléaire puis la construction d’une nouvelle génération d’appareils. Selon le gouvernement australien, ce projet pluridécennal, qui coûtera près de 40 milliards de dollars sur les dix premières années, générera environ 20.000 emplois.
M. Albanese a souligné que l’Australie est, après la Grande-Bretagne, le deuxième pays à avoir accès aux secrets nucléaires de la marine américaine. «Nous sommes avant tout liés par un monde où la paix, la stabilité et la sécurité garantissent une plus grande prospérité», a-t-il déclaré.
Accord de défense multilatéral
Son homologue britannique a également vanté les efforts faits par le Royaume-Uni pour doper son budget de la Défense, et estimé qu’avec les Etats-Unis et l’Australie, son pays s’engageait dans «l’accord de défense multilatéral le plus important depuis des générations».
Le programme de sous-marins d’attaque, qui a l’ambition de remodeler la présence militaire occidentale dans le Pacifique, se déclinera en trois phases, a détaillé la Maison Blanche. Et selon un principe « crucial », martelé par Joe Biden: «ces sous-marins seront à propulsion nucléaire, mais ne porteront pas d’armes nucléaires», pour respecter le principe de non- prolifération.
L’objectif est de déployer, à partir de 2027 et sur un principe de rotation, quatre sous-marins américains et un sous-marin britannique sur la base australienne de Perth (ouest). Dans un deuxième temps, et sous réserve du feu vert du Congrès américain, l’Australie va acheter trois sous-marins américains à propulsion nucléaire de la classe Virginia, avec une option sur deux navires submersibles supplémentaires. Les sous-marins doivent être livrés à partir de 2030.
Nouvelle génération de sous-marins
Troisième, et la plus ambitieuse étape du programme: les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni vont s’associer pour une nouvelle génération de sous-marins d’attaque, baptisée SSN AUKUS. Ces sous-marins vont impliquer un gigantesque effort industriel, en particulier de la part de l’Australie, qui doit se doter d’un nouveau chantier naval à Adelaïde, dans le sud.
Les nouveaux navires, de conception britannique et incorporant des technologies américaines avancées, seront construits et déployés par le Royaume-Uni et l’Australie. Ils doivent être livrés à partir de la fin des années 2030 et du début des années 2040.
Inquiétudes chinoises
La conclusion de l’alliance AUKUS, avec pour corollaire l’annulation par Canberra du contrat d’acquisition de 12 sous-marins français, avait donné lieu en 2021 à une crise diplomatique avec la France, qui avait crié à la «trahison».
Lire aussi : Sous-marins: Paris rappelle ses ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie
Désormais, le projet indispose surtout la Chine, qui a condamné ce mardi «la voie erronée et dangereuse » du partenariat tripartite.
«La dernière déclaration commune des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l’Australie montre que ces trois pays s’engagent de plus en plus sur une voie erronée et dangereuse, au profit de leurs seuls intérêts géopolitiques et au mépris total des préoccupations de la communauté internationale», a fustigé devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.
Aucun des trois dirigeants rassemblés à San Diego n’a fait mention de la Chine, mais Joe Biden y a fait une référence implicite, en affirmant que l’alliance AUKUS devait assurer que «la zone indo-pacifique reste libre et ouverte». Une formule qui, dans le jargon diplomatique américain, désigne la volonté de contrer l’influence chinoise dans la région.