C’est d’un gigantesque autodafé, un véritable génocide culturel, que rend compte le site arabophone Alarabtv en révélant la destruction, par les combattants de l’organisation Daech, de la Bibliothèque centrale et du Musée de Mossoul. Cette information, qui attend d’être confirmée par les autorités, a été livrée le 1er février. Les jihadistes auraient littéralement pillé les lieux, décidés, rapporte Alarabtv, à «assainir» la documentation à disposition dans ces lieux de culture qui regroupaient des œuvres et manuscrits remontant jusqu'à 7000 ans. «Assainissement», un terme qui fait froid dans le dos et rappelle le triste débat autour de «l’art propre». Daech va plus loin, semblant considérer qu’il existe une «culture propre», une «mémoire propre», en se livrant à cette terrifiante politique d’«épuration». Et ce ne sont pas moins de 2000 livres destinés à être détruits qui ont rempli les pickups prévus pour les transporter tandis que d’autres étaient brûlés sur place. Cet autodafé avait débuté dans le courant du mois de janvier devant des étudiants, tandis que, rapporte un professeur de l’Université de Mossoul, un homme hurlait à la foule: «Ces livres appellent à la désobéissance à Dieu, ils doivent être brûlés.» Seuls les ouvrages traitant de l’islam ont d’ailleurs échappé à ce massacre.
Par Bouthaina Azami
Le 11/02/2015 à 16h01