Alertée par les services de renseignements, la police avait déployé des hommes autour du centre commercial d'Oberhausen (ouest) tard jeudi soir, ainsi que dans le marché de Noël voisin, puis annoncé l'arrestation des deux suspects dans la nuit de jeudi à vendredi.
Il s'agit de deux frères de 28 et 31 ans originaires du Kosovo. Les enquêteurs tentent de déterminer quel était le stade de préparation de leur attaque contre le CentrO, un des plus grands centres commerciaux d'Allemagne et si d'autres personnes étaient impliquées dans le projet.
Aucun lien avec l'attentat de Berlin n'a été à ce stade évoqué par les enquêteurs.
Concernant cette tuerie, les enquêteurs n'ont annoncé aucune nouvelle piste pour appréhender le Tunisien Anis Amri, 24 ans, probablement armé et responsable présumé de la mort de 12 personnes. Selon le quotidien Tagesspiegel, ils estiment qu'il se trouverait toujours à Berlin.
Ils sont convaincus qu'il est bien l'auteur du pire attentat jamais revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) sur le sol allemand, ses empreintes ayant été retrouvées sur le camion qui a ravagé un marché de Noël de Berlin.
Anis Amri a été filmé par une caméra de surveillance des services de renseignement quelques heures seulement après le carnage, devant l'entrée d'une mosquée berlinoise, présentée comme un lieu de rassemblement islamiste, selon la chaîne régionale publique rbb.
D'autres images montrent le suspect les 14 et 15 décembre, entre 3h et 4h du matin, soit 5 et 4 jours avant l'attentat, devant ce lieu de prière pourtant fermé depuis longtemps par les autorités et qui a fait l'objet d'une perquisition jeudi matin, selon la même source.
Malgré une série de dysfonctionnements et le temps qui passe, les autorités allemandes se veulent toujours optimistes sur la chasse à l'homme, même si Anis Amri a eu 30 heures pour disparaître entre son attentat lundi soir et le lancement d'un avis de recherche allemand et européen.
"Je suis convaincue que nous surmonterons l'épreuve dans laquelle nous nous trouvons", a souligné la chancelière Angela Merkel jeudi, ajoutant espérer "une arrestation bientôt".
Le frère du suspect, Abdelkader Amri, a appelé Anis à se rendre, tout en se disant "sûr" de son innocence.
"S'il est en train de m'écouter, je lui dis: présente-toi" à la police, a-t-il dit à l'AFP devant le domicile familial à Oueslatia, dans le centre de la Tunisie.
Les propos de la chancelière allemande risquent cependant d'être insuffisants pour faire taire les critiques, tant les autorités semblent avoir raté les occasions de neutraliser le danger Anis Amri, arrivé en Allemagne en juillet 2015 et rapidement signalé comme dangereux.
Les policiers ont été vivement critiqués d'abord pour avoir focalisé leur attention pendant 24 heures sur un suspect pakistanais finalement mis hors de cause.
Dès mardi matin, les papiers d'Amri avaient été retrouvés dans le camion, mais l'avis de recherche n'a été lancé que dans la nuit de mardi à mercredi, lui laissant un temps précieux pour disparaître.
Le jeune Tunisien n'avait jamais réellement été inquiété par les autorités, alors que celles-ci le soupçonnaient de vouloir commettre un attentat en Allemagne. Elles le savaient en contact avec des salafistes connus et il circulait dans le pays en utilisant une demi-douzaine d'identités.
L'homme faisait même l'objet d'un signalement pour sa dangerosité au centre national de lutte antiterroriste. Il avait été placé sous surveillance policière pour un possible projet d'attentat, avant que la justice ne classe l'affaire faute d'éléments probants.
Un expert du jihadisme, le professeur Peter Neumann du King's College de Londres, parle d'un "échec systémique". "Une fois que la poussière sera retombée, je pense qu'il faudra se poser des questions de fond" sur les mécanismes de l'antiterrorisme en Allemagne, a-t-il estimé.