Bolivie: tentative de coup d’État, le chef de l’armée arrêté

Le président bolivien Luis Arce sur le balcon du palais présidentiel, saluant ses partisans rassemblés par centaines sur la place Murillo, à La Paz, le 26 juin 2024.

Le chef des forces armées de Bolivie a été destitué et arrêté mercredi après avoir massé des hommes et des blindés devant le palais présidentiel à La Paz en affirmant vouloir «restructurer la démocratie», dans ce que le président Luis Arce a dénoncé comme une tentative de coup d’État.

Le 27/06/2024 à 07h51

Le général Juan José Zúñiga a été appréhendé alors qu’il s’exprimait devant la presse à l’extérieur d’une caserne de la capitale, après s’être retiré avec ses troupes de la place Murillo, devant le palais présidentiel, qu’ils avaient occupée plusieurs heures.

«Vous êtes en état d’arrestation mon général!», lui a lancé le ministre de l’Intérieur Jhonny Aguilera, qui accompagnait les policiers, selon les images diffusées par la télévision publique. Le haut gradé a été conduit au siège d’une unité spéciale de la police pour être interrogé par le parquet, qui l’accuse de terrorisme et soulèvement armé.

Dans la journée, le général et ses hommes avaient avancé en rangs serrés dans les rues de La Paz jusqu’à la place Murillo, où ils avaient positionné huit véhicules blindés et lancé des gaz lacrymogènes sur toute personne tentant de s’approcher.

«Défendre la démocratie»

Le président Luis Arce avait alors dénoncé sur le réseau social X «les mouvements irréguliers de certaines unités de l’armée bolivienne». «La démocratie doit être respectée», avait lancé le chef d’État de gauche.

Selon des journalistes de l’AFP sur place, un véhicule blindé a tenté d’enfoncer une porte métallique du Palacio Quemado, le siège de la présidence, où le général Zúñiga est entré brièvement avant d’en ressortir. Entouré de soldats, ce dernier a affirmé que «les forces armées tentent de restructurer la démocratie, d’en faire une véritable démocratie. Pas celle de quelques-uns, pas celle de quelques maîtres qui dirigent le pays depuis 30 ou 40 ans».

Depuis le palais, le président Arce a destitué le général rebelle et fait prêter serment sur le champ à un nouveau commandement des forces armées. «Nous sommes face à une tentative de coup d’État par des militaires qui salissent l’uniforme», a dénoncé M. Arce au cours de la cérémonie. L’ex-président Evo Morales (2006-2019) avait lui aussi affirmé sur X qu’«un coup d’État se prépare» et appelé «à une mobilisation nationale pour défendre la démocratie».

Après le retrait des militaires en début de soirée, M. Arce est sorti sur le balcon de son palais pour saluer ses partisans rassemblés par centaines sur la place. «Personne ne peut nous enlever la démocratie que nous avons gagnée», a-t-il lancé.

Présidentielle de 2025

Des rumeurs circulaient depuis mardi selon lesquelles le général Zúñiga, en poste depuis novembre 2022, pourrait être démis pour avoir outrepassé ses fonctions. Dans une interview lundi à une chaîne de télévision, il avait affirmé qu’il arrêterait M. Morales s’il persistait à vouloir se représenter à la présidentielle de 2025 alors que la Cour constitutionnelle a décidé en décembre 2023 qu’il ne le pouvait pas.

«Légalement, il est disqualifié, il ne peut plus être président de ce pays», avait déclaré le général. Les militaires «sont le bras armé du pays et nous allons défendre la Constitution à tout prix», avait-il ajouté.

Le parti au pouvoir en Bolivie, le Mouvement vers le socialisme (MAS), est profondément divisé entre M. Arce et M. Morales, autrefois alliés et aujourd’hui adversaires en vue de la présidentielle de 2025. Evo Morales brigue l’investiture au nom du MAS. Luis Arce n’a pas encore fait acte de candidature officielle.

Les condamnations de l’action du général Zúñiga mercredi ont afflué. Les dirigeants du Chili, de l’Équateur, du Pérou, du Mexique, de la Colombie ont appelé au respect de la démocratie et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a écrit sur X : «Je suis un amoureux de la démocratie et je souhaite qu’elle prévale dans toute l’Amérique latine».

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit «profondément inquiet», et les États-Unis ont dit suivre «de près» la situation et appelé au calme, selon une porte-parole de la Maison Blanche.

Par Le360 (avec AFP)
Le 27/06/2024 à 07h51