Les Algériens doivent se préparer à des mesures d'austérité drastiques. C'est ce qui ressort du message adressé par le président de la République d'Algérie, Abdelaziz Bouteflika, vendredi 24 février, marquant la création en 1956 de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA, syndicat lié au pouvoir) et la nationalisation des hydrocarbures en 1971. Dans ce message, le chef de l'Etat algérien a admis l'existence d'une situation financière "difficile" en Algérie en exhortant les travailleurs à faire preuve de "résistance" pour en "triompher".
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L'usage du terme de "résistance", cher à l'appareil de l'Etat algérien, n'est évidemment pas à prendre dans son acception anti-colonialiste. Il est invoqué ici dans le but de faire avaler la pilule de l'austérité prescrite en guise de remède contre l'assèchement des caisses publiques, dû principalement au plongeon des cours des hydrocarbures dont l'Algérie est presque totalement dépendante (98% des exportations et 60% des recettes de l'Etat algérien).
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Cette course à l'austérité, que le peuple algérien est désormais obligé de subir, au dépens de la santé et de l'éducation de ses enfants, ne concerne étrangement pas le budget Défense de l'Algérie. Pourquoi ce colosse budgétivore a-t-il été épargné par le chef de l'Etat algérien, si tant est que ce soit encore lui qui décide et prenne des décisions concernant les grands dossiers de l'Etat? Il est en effet étonnant que l'armée algérienne se permette encore de stocker davantage de gadgets sans même pas prendre le soin de leur entretien et de leur maintenance, alors que le pays tout entier est au bord de la faillite! Qu'est-ce qui explique cette fièvre acheteuse, développée par la bêtise galonnée et qui n'est pas près de baisser, sinon ces dessous de table générés par les contrats d'armement juteux souvent signés à l'abri de tout contrôle et de tout regard indiscret? Qu'en est-il des gracieusetés consenties par l'appareil algérien pour entretenir la fantomatique "RASD" au détriment du contribable algérien qui n'est concerné ni de près ni de loin par cette entité fantoche?
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L'appel à la "résistance" adressé aux travailleurs cache une volonté de se prémunir contre le danger que représente la classe ouvrière pour la survie hypothétique du régime algérien. Les plus violentes émeutes connues par l'Algérie proviennent justement de cette classe ouvrière et remontent à l'année 1988, quand les travailleurs des usines en grève générale rampante ont investi les rues d'Alger en lançant un ultimatum de dix jours au président-général Chadli Benjedid pour augmenter leurs salaires face au renchérissement et à l'érosion du pouvoir d'achat. La répression a été on ne peut plus sanglante et les Algériens en gardent toujours un amer souvenir.
L'appel à la "résistance" lancé par Bouteflika risque de très mal passer, d'autant plus que son régime a jusqu'ici survécu grâce à l'achat de la paix sociale. Un "luxe" qu'il ne peut plus se permettre à la faveur d'une explosion sociale plus proche que jamais. Les Algériens risquent d'opposer une fin de non-recevoir à l'appel à la "résistance" de Bouteflika.