Brésil: début du blocage du réseau social X

Elon Musk, patron et propriétaire du réseau social X, et Alexandre de Moraes, juge de la Cour suprême brésilienne.

Le réseau social X a commencé à être bloqué dès l’aube de ce samedi au Brésil, quelques heures après qu’un juge de la Cour suprême a ordonné sa suspension en raison d’infractions judiciaires.

Le 31/08/2024 à 08h00

Selon la presse brésilienne, la coupure du réseau social X a commencé chez certains fournisseurs d’accès à Internet dès l’aube de ce samedi 31 août, et devrait être complètement réalisée dans la journée. L’accès au réseau social X n’est déjà plus possible pour certains utilisateurs, qui se retrouvent avec un message leur demandant de rafraîchir leur navigateur, sans jamais réussir à se connecter.

Un juge de la Cour suprême a ordonné vendredi, après un long bras de fer, la suspension de X dans les 24 heures, provoquant la colère d’Elon Musk, propriétaire du réseau social. «La liberté d’expression est le fondement de la démocratie et, au Brésil, un pseudo-juge non élu est en train de la détruire à cause de motivations politiques», a-t-il tonné.

C’est le dernier épisode en date de la joute entre Alexandre de Moraes, juge du Tribunal fédéral suprême (STF) et figure de la lutte contre la désinformation au Brésil, et le milliardaire américain. Il intervient un peu plus d’un mois avant des élections municipales.

Le juge Moraes avait donné mercredi soir 24 heures à la plateforme, qui compte 22 millions d’usagers, selon l’estimation du site spécialisé DataReportal, pour nommer un représentant légal dans le pays, sous peine de blocage. Après le rejet par le réseau social à cette demande, le juge a décidé la «suspension immédiate, complète et intégrale du fonctionnement de ”X Brasil Internet LTDA”» et ordonné à l’Agence nationale des télécommunications (Anatel) d’«adopter toutes les mesures nécessaires» auprès des opérateurs pour qu’elle entre en vigueur dans les 24 heures.

Le juge Moraes a également menacé d’amendes de 50.000 reais (environ 8.000 euros) par jour les personnes qui recourraient à des «subterfuges technologiques» pour contourner le blocage, comme l’usage de réseaux privés virtuels (VPN). Conséquence, le réseau social Bluesky, créée par l’ancien propriétaire de Twitter, aujourd’hui X, a fait état d’un «grand afflux» de nouveaux utilisateurs au Brésil.

Le juge Moraes a dénoncé la «tentative» de X d’échapper à «l’ordre juridique et au pouvoir judiciaire brésiliens, pour instaurer un climat de totale impunité et d’anarchie sur les réseaux sociaux brésiliens, notamment durant les élections municipales de 2024″.

La suspension doit rester en vigueur jusqu’à ce que la plateforme obtempère, paie les amendes qui lui ont été infligées et nomme un représentant légal. Le juge Moraes a aussi bloqué récemment les comptes de Starlink, fournisseur d’accès à Internet par satellite dont Elon Musk est propriétaire, pour récupérer le montant d’amendes non payées par X.

Le 17 août, Elon Musk avait annoncé la fermeture des bureaux de X au Brésil en invoquant les actions du juge Moraes, tout en y maintenant le service disponible. Le haut magistrat a ouvert en avril une enquête sur le milliardaire en l’accusant d’avoir réactivé des comptes suspendus sur décision de la justice brésilienne. X avait admis que des utilisateurs avaient réussi à contourner les restrictions.

Le juge a ordonné ces dernières années le blocage des comptes de figures influentes des mouvements ultra-conservateurs brésiliens pour avoir disséminé des «fake news». Et ce en particulier depuis les tentatives de partisans de l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022) de discréditer le système de vote électronique lors de l’élection remportée par Lula en 2022.

Elon Musk fait également l’objet au Brésil d’une enquête dans l’affaire des «milices numériques», soupçonnées d’avoir utilisé de l’argent public pour orchestrer des campagnes de désinformation en faveur de M. Bolsonaro et de ses proches.

Par Le360 (avec AFP)
Le 31/08/2024 à 08h00