«Nous ne laisserons pas la démocratie nous échapper», a promis le président de gauche lundi soir à Brasilia, avant de descendre la rampe du palais du Planalto, le siège du gouvernement lourdement endommagé, entouré de juges de la Cour suprême, de membres du Congrès et de gouverneurs d'Etats.Des campements de radicaux qui rejettent toujours la victoire de M. Lula plus de deux mois après son élection ont été démantelés par les forces de l'ordre, qui ont aussi procédé à de nombreuses arrestations, signant une reprise en main après les scènes de chaos la veille.
Au même moment, l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro a confirmé être hospitalisé à Orlando, en Floride, pour un problème intestinal. Il s'était envolé pour les Etats-Unis deux jours avant l'investiture de Lula le 1er janvier, se refusant à remettre l'écharpe présidentielle à celui dont il n'a jamais digéré la victoire acquise sur le fil.
Le président américain Joe Biden a quant à lui exprimé le «soutien sans faille des Etats-Unis à la démocratie brésilienne et à l'expression de la libre volonté du peuple brésilien», invitant le président Lula à Washington début février, selon un communiqué commun publié après un entretien téléphonique tenu lundi.
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Une invitation acceptée par le chef d'Etat brésilien, selon ce même document.
M. Lula s'est réuni avec les présidents du Sénat, de la Chambre des députés et de la Cour suprême au palais du Planalto. Ils ont signé une déclaration commune «en défense de la démocratie» publiée sur le compte Twitter du chef d'Etat de gauche.
«Les Pouvoirs de la République, garants de la démocratie et de la Constitution de 1988 rejettent les actes terroristes, de vandalisme, criminels et putschistes qui se sont produits hier à Brasilia», dit la déclaration. «La société a besoin de (...) sérénité (...), de paix et de démocratie».
La condamnation a également trouvé un écho dans les rues de Sao Paulo, sur l'emblématique avenue Paulista, où, tard dans la nuit, des milliers de personnes se sont rassemblées pour «défendre la démocratie» et demander «l'emprisonnement des putschistes».
«Je n'ai pas vécu ce que j'ai vécu pour voir ce que j'ai vu hier, que mon peuple, ma terre, soit divisé de cette façon. C'est inacceptable, triste, être ici c'est défendre la démocratie», déclare à l'AFP Edi Valladares, un enseignant de 61 ans.
Dimanche, des centaines de sympathisants de Jair Bolsonaro ont lancé des assauts quasi simultanés contre le palais présidentiel du Planalto, le Congrès et la Cour suprême.
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Il a fallu près de quatre heures à des forces de l'ordre mal préparées pour les évacuer. Ces événements ont semblé être la copie brésilienne de l'invasion du Capitole à Washington en janvier 2021 par des sympathisants de l'ex-président défait Donald Trump, allié et modèle de Bolsonaro.
«Les putschistes responsables de la destruction des propriétés publiques à Brasilia seront punis», a lancé Lula.
Dès dimanche soir, quelque 300 émeutiers ont été arrêtés. Et lundi soir, quelque 1.500 bolsonaristes qui occupaient un campement au cœur de Brasilia ont été arrêtés à leur tour, lorsque la police militaire et l'armée ont démantelé leur campement, selon le ministre de la Justice et de la Sécurité, Flavio Dino.
Installés depuis plus de deux mois, ils réclamaient une intervention militaire pour empêcher l'accession de Lula au pouvoir. Ce campement a fourni le gros des effectifs des assaillants dimanche.
D'autres campements installés à Rio de Janeiro et Sao Paulo (sud-est) ont été démantelés lundi, ont rapporté des journalistes de l'AFP-TV.
«Maintenant que l'ordre a été donné, on n'a plus le choix, c'est un ordre des forces armées et de la police», a déclaré à l'AFP Carlos Silva, à Sao Paulo.
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«Le pire est passé»
«Le pays retrouve le chemin de la normalité institutionnelle à grande vitesse (...) Les putschistes ont échoué dans leur tentative de rupture de la légalité», a déclaré lundi le ministre de de la Justice de Lula, Flavio Dino, pour qui «le pire est passé».
Dès dimanche soir, le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes a suspendu pour 90 jours de ses fonctions le gouverneur du district de Brasilia, Ibaneis Rocha, qui venait de présenter ses excuses dans une vidéo pour «les failles» de la sécurité ayant permis les saccages.
Les émeutiers ont provoqué des dégâts considérables dans les trois immenses palais qui sont des trésors de l'architecture moderne signés Oscar Niemeyer. Des oeuvres d'art du patrimoine national d'une valeur inestimable ont été endommagés.
«Je ne suis pas d'accord avec ce qui s'est passé», dit à l'AFP-TV Ionar Bispo, un habitant de Brasilia de 43 ans. «On peut manifester mais sans mettre à sac notre patrimoine».
La Confédération brésilienne de football (CBF) a récusé lundi sur Twitter l'utilisation du maillot de la sélection nationale porté par les bolsonaristes «dans des actes antidémocratiques et de vandalisme».
Victoire volée
Six heures après les assauts, Bolsonaro avait finalement condamné du bout des lèvres «les déprédations et invasions de bâtiments publics», tout en niant toute responsabilité alors que Lula l'avait accusé d'avoir encouragé les «fascistes».
«Même en étant, lâchement, à 6.100 km de la capitale brésilienne», a écrit Miriam Leitao, éditorialiste du quotidien O Globo, Bolsonaro «est le principal responsable de ce qui s'est passé hier à Brasilia, en raison de son travail (de sape) quotidien, constant pendant quatre ans».
L'ex-président n'a cessé de remettre en cause le processus électoral, appuyé par une désinformation massive sur les réseaux sociaux.
Nombre de ses supporters restent persuadés que la victoire lui a été volée - comme ceux de Trump aux Etats-Unis.