Carnage d’Orlando: l'Amérique meurtrie, la piste jihadiste poursuivie

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Un Américain soupçonné de liens avec les jihadistes et qui avait déjà fait l'objet d'enquêtes du FBI, a perpétré dimanche la pire fusillade dans l'histoire des Etats-Unis, avec au moins 50 morts dans une boîte de nuit gay de Floride.

Le 13/06/2016 à 08h11

Le tireur de la ville d'Orlando, qui a été tué par la police, a été identifié par le FBI sous le nom d'Omar Seddique Mateen, un Américain d'origine afghane de 29 ans. La police fédérale, qui enquête pour "terrorisme", le soupçonne fortement d'avoir prêté "allégeance" au groupe Etat islamique dans un appel passé aux services d'urgence 911 quelques instants avant le massacre.

Un des survivants du pire attentat "terroriste" depuis le 11-Septembre 2001 aux Etats-Unis a décrit à l'AFP des scènes de "chaos" et d'horreur.

Ce nouveau carnage, qui intervient en pleine célébration de la Gay Pride aux Etats-Unis, a provoqué une onde de choc internationale, suscitant des condamnations dans le monde entier dont celles du pape et de représentants de la communauté musulmane.

Le FBI a révélé avoir interrogé Omar Seddique Mateen ces dernières années pour ses présumées "sympathies" islamistes mais que ses enquêtes n'avaient jamais donné suite.

Reste que, selon une agence de presse liée aux jihadistes, c'est bien un "combattant de l'EI" qui est l'auteur de ce massacre dans un club d'Orlando, le Pulse, établissement emblématique de la communauté homosexuelle en Floride.

La fusillade, couplée à une prise d'otages de plusieurs heures dans la nuit, a fait au moins 50 morts et 53 blessés. La tuerie s'est soldée par la mort du tireur abattu par les policiers d'élite du SWAT.

Le président Barack Obama a condamné "un acte de terreur et de haine" et a ordonné que les drapeaux soient mis en berne dans tout le pays.

De son côté, le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump n'a pas hésité à tenter d'exploiter politiquement l'attentat, en pleine campagne présidentielle, et réitéré sa promesse d'interdire l'accès aux Etats-Unis pour les musulmans: "Si nous ne devenons pas très rapidement durs et intelligents, nous n'aurons bientôt plus de pays", a-t-il averti.

Sa concurrente démocrate Hillary Clinton a dénoncé un "acte tragique" et a reporté un meeting de campagne prévu mercredi avec M. Obama.

Du côté des musulmans américains, qui comptent pour 1% de la population, le fondateur de la principale association (Cair), Nihad Awad, a condamné "un crime haineux". Il a dénoncé l'attentat "dans les termes les plus forts. Il viole nos principes en tant qu'Américains et que musulmans".

A Orlando, une des plaques tournantes mondiales du tourisme, des témoins ont décrit des scènes d'horreur au Pulse, de corps s'effondrant au sol et d'une mare de sang.

Trois gros trous éventraient le mur arrière de la boîte de nuit, également criblé de balles.

"C'était le chaos", a dit Janiel Gonzalez à l'AFP. "Les gens hurlaient «Aidez-moi, Aidez-moi, je ne peux pas bouger». Et les gens se faisaient écraser", poursuivait-il devant l'hôpital d'Orlando.

Les autorités ont débuté le douloureux travail d'identification, les premiers noms rendus publics montrant des jeunes d'une vingtaine et d'une trentaine d'années, la plupart d'origine hispanique.

La soirée "latine" sulfureuse avec spectacle de drag-queens a tourné vers 02H00 (06H00 GMT) "à la prise d'otages", selon la police. Trois heures plus tard, les policiers du SWAT sont intervenus sans que l'on sache dans quelles conditions sont mortes toutes les victimes.

Le suspect, qui aurait agi seul, vivait selon des médias à quelque 200 kilomètres au sud-est d'Orlando, dans la ville de Port Saint Lucie.

Pour le FBI, M. Mateen n'était pas un inconnu.

Le patron de la police fédérale à Orlando, Ronald Hopper, a révélé que le jeune homme avait été interrogé plusieurs fois en 2013 et 2014: le FBI s'était intéressé à lui après "des remarques à ses collègues suggérant d'éventuels liens avec des terroristes", a-t-il expliqué. La police a aussi évoqué les "sympathies" de M. Mateen pour l'islamisme.

Mais son père, Mir Seddique, a assuré à la chaîne NBC que le massacre n'avait "rien à voir avec la religion".

"Nous étions dans le centre-ville de Miami (...) et il a vu deux hommes qui s'embrassaient devant les yeux de sa femme et son enfant, et il est devenu très énervé", a-t-il affirmé, se disant "choqué comme tout le pays" par la tuerie.

Des proches du tueur l'ont cependant décrit comme étant instable et "violent", son ex-épouse assurant qu'il "la battait" et qu'elle avait dû fuir leur domicile avec l'aide de ses parents.

L'imam de la mosquée de Fort Pierce que fréquentait le tueur à quant à lui fait part de son incompréhension. "Il venait prier et son fils jouer", a déclaré à l'AFP Syed Shafeeq Rahman. "Je ne m'attendais pas à ça. Nous enseignons la justice et la paix".

Le 13/06/2016 à 08h11