Samedi, les partisans d'un dialogue sont appelés à se rassembler devant les mairies à travers le pays. L'initiative anonyme a été lancée sur internet et s'est répandue sur les réseaux sociaux.
"L'Espagne est bien meilleure que ses dirigeants", peut-on lire dans cette pétition publiée par le site Change.org, qui avait recueilli quelque 9.000 signatures tôt samedi matin. Les Espagnols sont appelés à sortir dans les rues vêtus de blanc et à tendre des draps blancs sur leurs balcons.
"C'est le moment d'être ensemble pour leur montrer (aux dirigeants, NDLR) qu'ils ont été incapables et irresponsables", plaide ce manifeste. Les rassemblements sont prévus à midi (10h00 GMT).
Une marche "patriotique" rassemblera à la même heure dans le centre de Madrid les partisans de l'unité espagnole.
Ces derniers seront aussi appelés à participer à une grande manifestation dimanche à Barcelone, à midi également. L'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature, qui a qualifié l'indépendantisme catalan de "maladie" qui pourrait transformer la région en "une nouvelle Bosnie", y participera.
Vendredi, on a assisté à de timides gestes d'apaisement. Le président catalan Carles Puigdemont a annoncé qu'il repoussait son intervention devant le Parlement catalan, prévue lundi.
Les séparatistes envisageaient d'y prononcer une déclaration d'indépendance unilatérale. La nouvelle séance est prévue mardi à 18h00 (16h00 GMT), l'ordre du jour portant simplement sur la "situation politique".
Les parlementaires opposés à l'indépendance ont cependant dit se méfier des véritables intentions de M. Puigdemont. Son annonce pourrait viser à gagner du temps, en raison de divisions dans son camp.
Le responsable des Entreprises au sein du gouvernement catalan, Santi Vila, réputé proche du président régional, a réclamé un "cessez-le-feu". "Cela signifie que dans les prochaines heures et jours, nous ne prenions pas des décisions qui pourraient être irréparables", a-t-il expliqué.
Les tensions entre Madrid et Barcelone ont plongé l'Espagne dans sa plus grave crise politique depuis son retour à la démocratie en 1977.
La crise divise la Catalogne, où vivent 16% des Espagnols et où selon les sondages la moitié de la population n'est pas indépendantiste.
Madrid écarte de son côté toute possibilité de médiation. "Pour dialoguer, il faut rester dans la légalité", avait encore répété jeudi le chef du gouvernement Mariano Rajoy.
Le porte-parole du gouvernement Inigo Mendez de Vigo a de son côté appelé les dirigeants catalans à dissoudre leur parlement et à convoquer des élections régionales.
La crise a aussi des résonances sur les terrains de foot. L'Espagne s'est qualifiée vendredi contre l'Albanie pour la Coupe du Monde 2018. Mais le défenseur catalan Gerard Piqué, qui a pris position en faveur du droit des Catalans à voter pour ou contre l'indépendance, a disputé le match sous les sifflets d'une partie des spectateurs d'Alicante (sud-est) et les acclamations d'une autre.
Les séparatistes avaient envisagé déclarer l'indépendance après la publication des résultats définitifs du référendum du 1er octobre, qu'ils ont annoncé vendredi avoir remporté avec 90,18% des suffrages, pour une participation de 43,03%.
Ils pourraient chercher à profiter de l'élan favorable dans l'opinion catalane, scandalisée par les violences policières ayant émaillé la consultation, qui ont fait au moins 92 blessés.
Le préfet, principal représentant de l'Etat en Catalogne, a pour la première fois présenté des excuses au nom des forces de l'ordre vendredi.
Depuis le début de la crise, la justice a elle réagi avec fermeté. Le Tribunal constitutionnel avait ainsi interdit le référendum et jeudi il a suspendu la session du parlement catalan initialement annoncée pour lundi.
La crise politique a contaminé le secteur économique: plusieurs entreprises, dont CaixaBank, première banque de Catalogne et troisième d'Espagne, ont décidé de transférer leur siège social hors de la région. Banco Sabadell, deuxième banque de Catalogne, avait fait la même annonce dès jeudi.