Chine: plus meurtrier que le Sras, le coronavirus fait chuter les Bourses

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Trois cent soixante et un morts: le bilan du nouveau coronavirus dépasse désormais celui du Sras en Chine continentale, où devait s'ouvrir lundi un hôpital construit en un temps record pour faire face à l'afflux de malades.

Le 03/02/2020 à 09h31

Après dix jours de congés pour cause de Nouvel An chinois, les places boursières, affolées par la paralysie du pays et des perspectives économiques en berne, ont rouvert en forte baisse, perdant près de 9%. Dix jours après la mise sous cloche de Wuhan, la métropole géante à l'épicentre du virus qui s'est diffusé dans 24 pays, la Commission nationale de la santé a fait état d'un bilan de 361 morts, dont 57 décès supplémentaires lors de la seule journée de dimanche.

Il y a désormais en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao) plus de morts dus à ce coronavirus qu'à l'épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), qui y avait fait 349 victimes en 2002-2003. Le bilan quotidien de 57 morts est également le plus lourd depuis le début de l'épidémie en décembre. Le virus a en outre fait un mort pour la première fois en dehors de Chine: un Chinois de 44 ans originaire de Wuhan qui a succombé aux Philippines, avait annoncé dimanche matin l'OMS.

En Chine, si la série de 10 jours fériés s'est achevée théoriquement dimanche, le pays continuait à fonctionner au ralenti, beaucoup d'entreprises ayant prolongé d'office les congés d'une semaine ou permis à leurs employés de travailler à la maison. À Shanghai, capitale économique du pays, un immeuble de bureaux interdisait ainsi aux salariés d'accéder à leur lieu de travail, citant un arrêté municipal repoussant la reprise de l'activité au 10 février.

À Pékin, où la quasi-totalité des habitants se recouvrent le visage d'un masque de protection, les quartiers d'affaires restaient largement déserts, avec une circulation automobile très inférieure à celle d'un week-end calme. Des contrôles de la température corporelle ont lieu systématiquement aux entrées d'immeubles de bureaux ou de lieux publics comme les parcs.

Le gouvernement a octroyé trois jours de congés supplémentaires dans l'espoir de retarder le retour vers les villes des centaines de millions de travailleurs migrants retournés dans leur province pendant le Nouvel An lunaire.

Ces derniers ont cependant commencé à regagner progressivement les grandes métropoles du pays. Le nombre d'infections confirmées en Chine a grimpé à plus de 17.200, dépassant largement celui du Sras, qui avait tué au total 774 personnes, majoritairement en Chine continentale et à Hong Kong.

La très grande majorité des décès et des cas de contamination par le nouveau coronavirus sont à déplorer à Wuhan et dans sa province, le Hubei, où quelque 56 millions d'habitants sont coupés du monde depuis le 23 janvier. Face à un système hospitalier débordé, la ville devait accueillir lundi de premiers malades dans un hôpital construit dans le délai record de 10 jours.

La construction de cet "Hôpital de la montagne du Dieu du Feu" a eu lieu à grand renfort de propagande, avec des images diffusées en boucle à la télévision. Un service de vidéo en ligne permet de suivre en permanence l'évolution des travaux sur le site, qui doit accueillir un millier de lits. Une équipe médicale de 1.400 militaires prendra soin des patients.

Un autre hôpital encore plus grand (1.600 lits) est en construction dans la ville. Il doit ouvrir ses portes dans quelques jours. Des responsables locaux ont été critiqués pour la lenteur de leur réaction face à l'éclosion de l'épidémie, apparemment dans un marché de Wuhan. Le plus haut responsable communiste de la métropole de 11 millions d'habitants a fait vendredi son autocritique à la télévision.

Au tout début de l'épidémie, huit personnes avaient été interpellées brièvement par la police pour avoir diffusé "de fausses rumeurs". La justice les a réhabilitées la semaine dernière par un texte critiquant les policiers. Dimanche, le confinement a été étendu à Wenzhou, ville portuaire de plus de 9 millions d'habitants située à quelque 800 km à l'est de Wuhan. Seule une personne par foyer est autorisée à sortir une fois tous les deux jours pour faire les courses.

Face à la crise qui paralyse l'économie du pays, les Bourses chinoises ont été rattrapées lundi à leur réouverture par l'inquiétude qui a fait dévisser les autres places mondiales depuis dix jours. Les autorités chinoises avaient pourtant pris les devants pour tâcher de rassurer les investisseurs: la banque centrale chinoise avait ainsi annoncé dimanche qu'elle allait injecter 1.200 milliards de yuans (156 milliards d'euros) dans le système bancaire afin de soutenir l'économie. À l'étranger, les pays du G7 vont se concerter pour apporter une réponse "uniforme" face à l'épidémie, a annoncé dimanche le ministre allemand de la Santé.

De nombreux pays ont multiplié les mesures de protection: Etats-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, Irak et Israël et les Philippines notamment ont interdit l'entrée sur leur territoire aux étrangers s'étant récemment rendus en Chine. Mongolie, Russie et Népal ont fermé leur frontière terrestre avec la Chine. Parallèlement, les opérations de rapatriement d'étrangers se poursuivent: un deuxième avion français ramenant des passagers de 30 nationalités différentes de Wuhan a atterri dimanche dans le sud-est de la France. Et un avion transportant 167 Marocains a atterri au Maroc.

Le 03/02/2020 à 09h31