Alors que le nombre de nouvelles contaminations flambe en Inde (+132.000 en 24 heures), l'Etat du Maharashtra, le plus touché par la deuxième vague de coronavirus, se confine en ce samedi 10 avril 2021 pour tout le week-end, une mesure qui affecte 125 millions de personnes et sera répétée chaque fin de semaine pendant tout le mois d'avril.
"Je ne suis pas du tout favorable au confinement mais je ne crois pas que le gouvernement ait d'autre option", témoigne Neha Tyagi, 27 ans, à Bombay, déplorant que la population "ne prenne pas le virus au sérieux". Les hôpitaux de l'Etat avaient été contraints vendredi d'interrompre les vaccinations par manque de doses.
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Les huit millions d'habitants de Bogota, en Colombie, vont également devoir se confiner ce week-end, a annoncé la maire de la capitale Claudia Lopez. La Colombie est le deuxième pays le plus touché par l'épidémie en Amérique Latine derrière le Brésil, avec près de 2,5 millions de cas.
L'Argentine, elle aussi sous le coup d'une augmentation exponentielle des contaminations, est depuis hier, vendredi 9 avril 2021, sous couvre-feu pour trois semaines.
"Rien qu'au cours des sept derniers jours, les cas ont augmenté de 36% dans l'ensemble du pays et de 53% dans la zone métropolitaine de Buenos Aires", a déploré le président Alberto Fernandez.
Problèmes vasculaires?En Europe, où la troisième vague frappe de plein fouet de nombreux pays, la campagne de vaccination, déjà lente, se heurte à de nouveaux questionnements sur les effets secondaires potentiellement liés aux sérums de Johnson & Johnson (J&J) et d'AstraZeneca.
L'Agence européenne des médicaments (EMA) a annoncé vendredi examiner un lien possible entre le vaccin de J&J et des cas de caillots sanguins, et élargir son enquête sur celui d'AstraZeneca, déjà mis en cause pour le même genre de symptômes, à des problèmes vasculaires.
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Mercredi, l'EMA avait reconnu que les caillots sanguins devaient être répertoriés comme un effet secondaire, "très rare" mais grave, du vaccin AstraZeneca, surtout chez des sujets jeunes.
Elle a indiqué vendredi avoir lancé une étude sur le vaccin Johnson & Johnson, pour des effets secondaires similaires, après la signalisation de quatre cas, dont un mortel. L'UE a autorisé ce vaccin mais n'a pas commencé à l'utiliser.
De plus, l'EMA enquête aussi sur d'éventuels liens entre l'AstraZeneca et des problèmes vasculaires: elle a annoncé vendredi examiner cinq cas d'un syndrome de fuites capillaires, "caractérisé par la fuite de liquide des vaisseaux sanguins, causant le gonflement des tissus et une chute dans la pression sanguine".
De son côté, son homologue américaine, la FDA, a annoncé vendredi ne pas avoir établi de "lien de causalité" à ce stade entre la formation de caillots sanguins et l'injection du vaccin J&J. "Nous tiendrons le public informé lorsque nous en apprendrons plus", a-t-elle assuré.
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Les deux vaccins, Johnson & Johnson comme AstraZeneca, utilisent la même technologie recourant à un adénovirus pour vecteur.
MéfianceDans l'immédiat, la méfiance vis-à-vis du vaccin d'AstraZeneca a poussé de nombreux pays à fixer des limites d'âge à son usage, voire à suspendre son utilisation.
Il est par exemple réservé aux plus de 30 ans au Royaume-Uni, où il a massivement été utilisé, aux plus de 65 ans en Suède, et aux plus de 60 ans aux Philippines, au Portugal, aux Pays-Bas ou en Allemagne, qui envisage désormais d'acheter le controversé Spoutnik V à la Russie.
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La région espagnole de Castille-et-Leon et le Danemark ont totalement interrompu l'utilisation de l'AstraZeneca.
Et Hong Kong a suspendu vendredi, pour "éviter tout gaspillage", sa commande d'AstraZeneca, craignant des effets secondaires et son inefficacité contre les nouveaux variants du coronavirus.
Vendredi, avant les annonces de l'EMA, les autorités sanitaires françaises avaient indiqué que les 533.000 personnes de moins de 55 ans déjà vaccinées avec une première dose d'AstraZeneca se verraient proposer pour la 2e dose un vaccin différent à ARN messager, celui de Pfizer/BioNTech ou celui de Moderna.
Mais peu après, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a répété qu'elle ne pouvait recommander un changement de vaccin anti-Covid entre deux doses, faute de "données adéquates" à ce stade.
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L'efficacité des vaccins reste par ailleurs posée face aux variants du coronavirus.
Soucieuse d'anticiper ce problème, l'UE va lancer une négociation pour commander 1,8 milliard de doses supplémentaires de vaccins dits de "2e génération" contre le Covid-19, avec un calendrier de livraisons contraignant, a indiqué à l'AFP une source à la Commission européenne.
L'anticipation paraît d'autant plus nécessaire qu'AstraZeneca, déjà au centre de polémiques avec l'UE sur ses retards de livraison, a par exemple indiqué vendredi qu'il allait avoir du retard sur la moitié de ses livraisons cette semaine dans l'Union européenne.
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Par contraste avec les problèmes d'AstraZeneca, l'alliance Pfizer/BioNTech a franchi une nouvelle étape en déposant vendredi aux Etats-Unis une demande d'autorisation de son vaccin pour les adolescents âgés de 12 à 15 ans.
Durcir la loi anti-CovidEn Allemagne, le gouvernement va durcir la semaine prochaine la législation de lutte contre la pandémie, pour pouvoir imposer des restrictions à l'ensemble du pays.
Au Canada, le Premier ministre Justin Trudeau a qualifié "d'inquiétante" la progression de la troisième vague et appelé à des "mesures plus strictes" dans plusieurs endroits du pays.
Au Brésil, dont les hôpitaux sont dans une situation "critique" face à l'afflux de malades, la Cour suprême a ordonné au Sénat d'installer une commission d'enquête pour évaluer la gestion de la pandémie par le gouvernement du président d'extrême-droite Jair Bolsonaro.
La pandémie a contaminé plus de 133.908.150 personnes et fait au moins 2.903.907 morts dans le monde depuis fin 2019, selon un décompte de l'AFP vendredi.