Radio France internationale (RFI) a diffusé ce vendredi matin un enregistrement présenté comme une conversation entre le chef d’Etat-major de l’armée ivoirienne, le général Soumaïla Bakayoko et le général Gilbert Diendéré, le cerveau du coup d’Etat manqué de septembre au Burkina Faso.
Assiégé par l’armée burkinabè qui s’est mobilisée pour faire échec à la tentative de putsch menée par le RSP, le régiment de sécurité présidentiel, la garde prétorienne de Blaise Compaoré, le général Diendéré consulte un certain nombre de personnes. «…Parce que si tu ne fais pas ça et que tu restes coincé comme ça… Tôt ou tard, l’issue va se resserrer et tu n’auras plus aucune marge de manœuvre», annonce la voix attribuée au général Bakayoko à son interlocuteur présenté comme le général Diendéré.
Dans l’enregistrement que RFI indique avoir obtenu auprès de sources au Burkina, l’homme présenté comme le général Bakayoko explique à son interlocuteur la gravité de la situation en cas d’échec du putsch et les conséquences qui pourraient en découler.«Si tu laisses faire calmement (…) une fois que tu arrives chez eux là-bas, c’est pour «finir» avec toi, ça c’est clair ! Je suis au regret de le dire…».
Plus tard dans la journée, RFI fait état d’un autre enregistrement présenté comme une conversation entre le lieutenant-colonel ivoirien Zakaria Koné et une dame qui serait l’épouse de Diendéré. «Ne vous en faites pas, ici (ndlr, en Côte d’Ivoire) vous avez beaucoup de soutiens la vieille (ndlr, une appellation affective de Fatou Diendéré). Même si c’est un affrontement, vous avez beaucoup de soutiens. Que ce soit en hommes, que ce soit d’autres», indique une voix attribuée au lieutenant-colonel Koné qui laisse entrevoir un éventuel appui logistique aux putschistes burkinabé.
Ces enregistrements, qui restent à authentifier, interviennent alors que le Burkina Faso a fait parvenir en début de semaine un mandat d’arrêt international contre Soro Guillaume, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne.
Fait notable, le mandat a été transmis par le biais des services d’Interpol, en dehors des canaux diplomatiques, ce dont s’était désolé Abidjan. Une option qui marquerait sa détermination à élucider cette affaire.
Pour rappel, Soumaïla Bakayoko et Koné Zakaria ont été les principaux chefs militaires de la rébellion armée conduite par Soro Guillaume entre 2002 et 2010 et dont la base arrière était le Burkina Faso, alors dirigé par Blaise Compaoré.
Pour certains observateurs, ces enregistrements, montrerait une volonté de ces militaires de remettre en selle des personnes proches de Blaise Compaoré qui fait l’objet d’une procédure judiciaire dans son pays et est actuellement en exil en Côte d’Ivoire.
L’affaire apparait bien embarrassante et risque de brouiller durablement les relations entre les deux Etats.