La MACA, la principale prison du pays, a connu une énième mutinerie qui a fait une vingtaine de blessés et dix morts, dont Coulibaly Yacouba, alias «Yacou le Chinois», un caïd renommé, condamné à 20 ans de prison, à la tête de tous les trafics au sein de l’établissement et qui était réputé intouchable.
D'ailleurs, ce sont les mesures visant à mettre un terme aux activités de "Yacou le Chinois", qui sont à l'origine de cette mutinerie.
Aly Yeo, le procureur de la République près de la cour d’Abidjan, a indiqué dans une déclaration ce dimanche, que la mutinerie est partie de nouvelles mesures «prises quelques jours plutôt» par les responsables pénitenciers afin de renforcer la surveillance de la prison, «pour mettre fin à certaines pratiques qui avaient cours dans l’établissement».
Une initiative qui venait contrarier les activités de Yacou le Chinois, le gourou de la MACA qu’aucune autorité pénitentiaire n’avait osé défier jusque-là, depuis son incarcération en 2011 pour 20 ans de prison.
Aussi le samedi 20 février, aux environs de 8h, l’homme, qui «portait en main une arme de type kalachnikov et une autre en bandoulière», accompagné de ses lieutenants, quelques dizaines selon certaines sources, a commencé à «tirer des coup de feux en direction des gardes pénitentiaires», occasionnant des échanges de tirs violents.
Il aura fallu des renforts des unités spéciales de la police et deux heures d’affrontements à l’intérieur de l’immense bâtiment qui fait office de prison, pour venir à bout des mutins.
Le bilan officiel fait état de 21 blessés et 10 morts, dont 9 blessés et un mort du côté des gardes pénitentiaires.
Fin de règne
Chef de plusieurs gangs, Yacou le Chinois, avait séjourné une première fois en 2010 à la MACA, condamné pour 20 ans, avant de s’évader à la faveur de la crise post-électorale. Ayant repris ses activités, braquages à mains armés, vols, meurtres, il fut à nouveau incarcéré pour une peine supplémentaire de 20 ans de prison en 2011.
Une fois dans les geôles, il entreprend de se constituer un gang et finit par contrôler toutes sortes de trafics, rackette, alcool et drogue, au sein de l’établissement.
Son statut de maître des lieux était illustré par de nombreuses frasques diffusées sur les réseaux sociaux, dont des agressions de gardes pénitenciers, des distributions de billets de banque aux prisonniers, ou encore le dernier en date, la célébration, début février, de son anniversaire en grande pompe avec sonorisation dans la cours de la MACA. Le tout sans être aucunement inquiété.
Cette situation qui durait depuis cinq ans, entretenait des rumeurs sur les accointances entre le gangster et le pouvoir d’Abidjan, ce dernier ayant été, après son évasion en 2010, un combattant supplétif des forces pro-Ouattara durant la crise post-électorale.
La disparition de Yacou le Chinois laisse en suspens de nombreuses interrogations sur l’homme et ses «attaches» qui lui conféraient une véritable impunité, surtout des nombreuses «armes de guerre de type kalachnikov et des grenades» ont été retrouvées sur les lieux, aux dires du procureur.
Au-delà, se pose la question sur la gestion des établissements pénitenciers. Surpeuplés, en mauvais états, ces établissements sont plutôt présentés comme des lieux d’endurcissements des détenus et de non-droits.
Selon Aly Yéo, une enquête a été diligentée afin de «savoir exactement ce qui s’est passé».