La Côte d’Ivoire va enregistrer «une croissance de 8,4% en 2015», «pratiquement la plus forte du continent» souligne la Banque mondiale. Une performance dans le sillage du dynamisme économique enregistré par le pays ces dernières années et marqué par un bond de 40% du PIB en trois ans.
Toutefois, cette «croissance rapide n’a pas été accompagnée par la création d'emplois de qualité au cours de ces dernières années», relève l’institution dans la seconde édition de son rapport sur la situation économique du pays intitulé «la force de l’Eléphant : pour que sa croissance génère plus d’emplois de qualité».
Le principal défi de la Côte d'Ivoire est celui «de la croissance partagée», «d’assurer un emploi de qualité pour la majorité de ses travailleurs», estime la Banque mondiale. Si l’expansion économique s’est accompagnée d’une hausse de l’emploi –seuls 7% des 14 millions d’actifs sont au chômage–, l’institution note que les emplois crées génèrent pour l’essentiel des revenus relativement faibles.
Le niveau moyen des salaires est évalué à 120 000 francs CFA par mois (environ 182 euros), soit «moins que la moyenne africaine».
Forte disparité des salaires
D’un côté, deux tiers des emplois sont rémunérés à un niveau moyen mensuel de 65 000 francs (99 euros), dans l'auto-emploi ou l'emploi familial dans de micros entreprises et fermes agricoles. De l'autre, les emplois, dans les exploitations agricoles, industrielles et de services, rétribués en moyenne à 350 000 FCFA (533 euros) par mois.
Il y a parmi eux les privilégiés du secteur minier et de la finance qui perçoivent en moyenne 1,6 à plus de 2,3 millions de francs respectivement par mois (entre 2 400 et 3500 euros).
Emplois de qualité
«Si la Côte d'Ivoire veut atteindre l'émergence économique dans un proche avenir, il lui faudra maintenir le cap de sa croissance, mais aussi et surtout s’assurer que cette croissance soit non seulement inclusive mais aussi qu’elle donne lieu à une création d'emplois de qualité», alerte Pierre Laporte, directeur des opérations de l’institution multilatérale pour la Côte d’Ivoire.
Pour la banque mondiale, le secteur de l’emploi en Côte d’Ivoire doit donc être reformé afin de mieux ventiler les retombées de la croissance au sein de la population et réduire significativement la pauvreté.
Une nouvelle orientation qui sera facteur de croissance accélérée, d’équité sociale et de stabilité : «une politique de l'espoir est donc nécessaire pour améliorer les revenus de tous les Ivoiriens et ainsi cultiver la cohésion sociale», ajoute-t-il.
Réformes
Aussi, trois pistes de réformes sont -elles proposées avec pour objectif de «générer des gains de productivité» à même d’induire et de soutenir la hausse des revenus.
D’abord accompagner «les travailleurs indépendants non agricoles» avec notamment des programmes intégrés de formation et de financement ciblant les jeunes et les femmes.
Ensuite «encourager les entreprises qui embauchent» par la facilitation de l’accès au crédit, l’amélioration de la réglementation du travail et la mise à niveau des compétences par une réforme de l'enseignement secondaire et technique ainsi que des partenariats avec le secteur privé.
Enfin, la troisième piste proposée préconise la poursuite des appuis au secteur agricole par le renforcement des «économies d'échelle le long des chaînes de valeurs (associations et contrats-fournisseurs)» et l’intégration d’outils technologiques (mobile, solaire, irrigation).
«Si le pays ne parvenait pas à générer des gains de productivité dans toutes les catégories d’emplois simultanément, le risque serait d’une Côte d'Ivoire à deux vitesses» estime Jacques Morisset, économiste en chef à la Banque mondiale et co-auteur du rapport.
L’enjeu pour le pays est de réussir l’intégration professionnelle des 14 millions de nouveaux actifs attendus sur le marché du travail d’ici 2030.