Côte d’Ivoire: la CPI affirme disposer de preuves contre Laurent Gbagbo

L'ex-président Laurent Gbagbo à la CPI.

L'ex-président Laurent Gbagbo à la CPI. . Dr

C’est un procès très attendu qui s’ouvre à la CPI. Il est même qualifié d’«historique» par de nombreux observateurs. Fatou Bensouda, la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), a indiqué avoir rassemblé suffisamment de preuves contre les accusés.

Le 28/01/2016 à 20h59

«Il y a suffisamment d’éléments pour démontrer que des instructions ont été données par Laurent Gbagbo et son exécutant Charles Blé Goudé pour violer, piller et tuer des civils en vue de se maintenir au pouvoir», a déclaré la procureure ce 27 janvier à la veille de l’ouverture du procès au cours d’une conférence de presse. «L’équipe d’accusation présentera son dossier à charge et démontrera que les accusés sont coupables de crimes contre l’humanité» a-t-elle souligné.

En l’occurrence, Fatou Bensounda entend démontrer que les accusés ont «planifié et exécuté» des crimes contre des partisans (ou supposés partisans) d’Alassane Ouattara en majorité originaires du nord du pays.

Parmi les faits documentés, le bombardement du marché d’Abobo le 17 mars 2011, une commune de la ville d’Abidjan réputée favorable à Alassane Ouattara, qui a fait plusieurs morts et dont les médias internationaux s’étaient fait l’écho. Mais également la répression sanglante d’une marche de partisans d’Alassane à la RTI, la télévision publique, le 19 décembre 2010.

Pour la défense des accusés dont les avocats français Emmanuel Altit (L. Gbagbo) et ivoirien N’Dry Claver (B. Goudé), il s’agit d’un procès à relent politique. Ils dénoncent notamment le choix de la procureure de présenter des dossiers uniquement à charge.

Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d'Ivoire, a été remis à la CPI le 30 novembre 2011 et Charles Blé Goudé, le 22 mars 2014 par les autorités ivoiriennes suite à des mandats d’arrêt lancés par l’instance judiciaire internationale. Tous deux sont accusés de quatre charges de crimes contre l'humanité que constituent le meurtre, le viol, autres actes inhumains (ou – à titre subsidiaire – la tentative de meurtre) et la persécution, perpétrés dans le contexte des violences post-électorales sur la période allant de novembre 2010 à avril 2011.

Pour rappel, ces violences ont fait suite au refus de Gbagbo de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara. Elles ont fait officiellement 3000 morts.

Les charges ont été confirmées à leur encontre les 12 juin 2014 et 11 décembre 2014 respectivement et leurs procès assignés à la chambre de première instance I. Le 11 mars 2015, la chambre a joint les affaires à leur encontre afin «d'assurer l'efficacité et la rapidité de la procédure», indique la CPI.

Par Georges Moihet
Le 28/01/2016 à 20h59