"On m'informe que le bilan s'est alourdi à 254 morts", a écrit le président Juan Manuel Santos sur son compte Twitter, après le débordement de trois rivières dans la nuit de vendredi, provoquant "un océan de boue" qui a tout emporté, selon des témoins.
Au moins "43 sont des enfants. Nos prières les accompagnent. Nos condoléances vont à leurs familles", a ajouté lors d'une allocution le chef de l'Etat, qui a pris la direction des secours et des travaux de réparation sur place.
Sous un ciel chargé, la chaleur et l'humidité imprégnaient Mocoa, ville de 40.000 habitants et chef-lieu du Putumayo, où la pluie avait cessé dimanche. De nombreux habitants tentaient de retrouver leurs proches dans les décombres ou de sauver quelques biens de la boue.
"On a tout perdu. Tout, tout, tout. Je suis venu récupérer à peine un sac" d'affaires, a raconté Henry Orado, 45 ans, qui tentait de laver un pull et un maillot de football dans le cours d'eau boueuse coulant devant son ancienne demeure.
Autour, ce n'est que désolation : poupées aux membres arrachés, chaussures dépareillées, énormes racines d'arbres, véhicules écrasés... parmi lesquels des habitants vont et viennent, portant des frigos, des meubles récupérés dans les décombres.
La majorité des quartiers affectés sont pauvres, habités par nombre des 6,9 millions de déplacés du conflit armé qui déchire la Colombie depuis le début des années 1960.
Pataugeant dans la boue, les secouristes apportent sans relâche leur aide aux sinistrés. "Les recherches continuent pour trouver des survivants. Nous sommes encore dans les 72 heures suivant un tel désastre", au cours desquelles il y a encore un espoir de sauver des rescapés, a déclaré à l'AFP un porte-parole de la Croix-Rouge colombienne (CRC).
Le Défenseur du Peuple du Putumayo, Fabian Vargas, a précisé que les sauveteurs passaient au peigne fin le parcours de la coulée de boue, en quête d'éventuelles nouvelles victimes. L'identification des corps, transférés à l'hôpital de Mocoa, s'est poursuivie dimanche.
"Le processus est en cours avec le personnel de médecine légale", a ajouté le responsable de cet organisme de protection des droits humains.
La ville restait privée d'eau courante et d'électricité, les autorités travaillant à rétablir ces services, mais avertissant que cela pourrait demander plusieurs jours.
"Cela va prendre du temps. Donc nous sommes en train d'apporter des camions citerne, de réparer les ponts détruits et d'accélérer la reconstruction des infrastructures, pour l'eau, l'énergie, le logement", a déclaré M. Santos aux journalistes.
Rétablir l'électricité est une tâche difficile, a admis le vice-ministre de l'Intérieur, Guillermo Rivera.
"Il faudrait construire une nouvelle station et cela va prendre du temps", a-t-il déclaré à Caracol Radio, précisant qu'une unité mobile allait entretemps être envoyée depuis Bogota.
La guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), qui a signé un accord de paix avec le gouvernement, a offert dimanche son aide pour participer à la reconstruction de Mocoa. "En parlant avec les guérilleros, (ils m'ont dit) qu'ils voudraient aller là-bas pour travailler, pour aider à la reconstruction. Je pense que c'est possible que (...) les Farc fassent cette proposition. Ils sont vraiment très attristés par cette tragédie", a déclaré Ivan Marquez, principal négociateur des rebelles.
Cette catastrophe est la plus grave survenue en Colombie depuis un autre glissement de terrain qui avait fait 92 morts en mai 2015 à Salgar, à une centaine de kilomètres de Medellin (nord-ouest).
Les violentes pluies n'ont pas seulement affecté la Colombie, mais aussi le Pérou, faisant 101 morts et plus d'un million de sinistrés, ainsi que l'Equateur avec 21 morts et plus de 9.000 familles affectées.