Le système énergétique ukrainien est au bord de l'effondrement et des millions de personnes ont subi des coupures de courant d'urgence ces dernières semaines.
Le président Volodymyr Zelensky a estimé que la nouvelle stratégie de Moscou visant à plonger l'Ukraine dans le noir n'affaiblirait pas la détermination de son pays.
«C'est une guerre de force, de résilience, il s'agit de savoir qui est le plus fort», a-t-il déclaré, dans un entretien au Financial Times publié ce vendredi.
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Une quinzaine de régions rencontraient des problèmes avec l'approvisionnement en eau et en courant. «La situation avec l'électricité reste difficile dans presque toutes les régions. Cependant, nous nous éloignons progressivement des coupures et chaque heure, nous rebranchons l'électricité pour de nouveaux consommateurs», a aussi déclaré Volodymyr Zelensky dans son allocution jeudi soir.
A Kiev, frappée par une pluie glaciale qui tombait sur la neige et des températures proches de zéro, 60% de la population enduraient encore des pannes de courant, selon la mairie, mais voyaient peu à peu les lumières se rallumer.
Trois centrales nucléaires sous contrôle de Kiev ont pu être reconnectées hier, jeudi.
«Nous allons progressivement donner du courant pendant 2-3 heures jusqu'à ce que la quantité d'électricité entrant à Kiev soit augmentée» et stabilisée, a promis le directeur du réseau DTEK Dmytro Sakharuk.
Dans la capitale, l'approvisionnement en eau a été rétabli hier soir, jeudi, selon la mairie.
Le ministère russe de la Défense a affirmé que les bombardements russes n'avaient pas pris pour cible Kiev, accusant la défense anti-aérienne ukrainienne d'avoir été responsable des dommages dans la métropole.
«Restons unis»Le reste de l'Ukraine est également largement affecté par les coupures mais la reconnexion des infrastructures critiques au réseau se poursuivait graduellement.
Dans la région de Kharkiv, la deuxième ville du pays, non loin de la frontière avec la Russie, l'approvisionnement a été rétabli après un travail «très difficile», a dit son maire Igor Terekhov.
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Le gouverneur Oleh Synehubov a précisé que 70% des foyers avaient recouvré le courant vendredi, alors que la veille, «toute la région était dans le noir à cause du terrorisme des occupants».
Si les réseaux d'eau, de chauffage et de transport en commun ont été aussi rétablis, selon le gouverneur, 300.000 habitants de la région, dont la moitié à Kharkiv, sont restés sans électricité ce vendredi 25 novembre 2022.
L'Organisation mondiale de la santé a mis en garde contre des conséquences «potentiellement mortelles» pour des millions d'Ukrainiens qui pourraient quitter leurs foyers «à la recherche de chaleur et de sécurité».
«Restons unis. Peut-être sans électricité pour le moment, mais certainement sans la Russie», s'est exclamé Sergiy Gamaliy, le gouverneur de Khmelnytskyï. Cette région de l'Ukraine occidentale est la plus touchée par les coupures de courant, qui affectaient encore plus de 430.000 abonnés jeudi soir, «malgré les efforts incroyables des ouvriers du secteur de l'énergie».
«Nous continuons à travailler au rétablissement porgressif des quartiers résidentiels», a ajouté Sergiy Gamaliy, soulignant qu'avec 35% de sa capacité, la région «a la possibilité de reconnecter toutes les infrastructures cruciales».
Les bombardements russes se poursuivaient également, faisant jeudi quatre morts et dix blessés à Kherson (sud), d'où les troupes de Moscou se sont retirées il y a deux semaines, et sept morts et 30 blessés à Vychgorod, près de Kiev.
«Crimes de guerre»«Ce ciblage systématique de la population à l'approche de l'hiver traduit une volonté claire de la Russie de faire souffrir le peuple ukrainien, de le priver d'eau, de chauffage et d'électricité pour saper sa résilience», a déclaré la diplomatie française. «Ces actes constituent à l'évidence des crimes de guerre».
Intervenant par visioconférence devant le Conseil de sécurité de l'ONU, Volodymyr Zelensky avait dénoncé mercredi un «crime contre l'humanité».
Selon le ministère de l'Energie, ces bombardements ont laissé mercredi sans électricité «la grande majorité des consommateurs» en Ukraine qui comptait environ 40 millions d'habitants avant le début de l'invasion russe le 24 février.
La Russie a tiré mercredi environ 70 missiles de croisière sur ce pays, dont 51 ont été abattus, selon Kiev.
Au total «huit installations énergétiques» ont été touchées, a affirmé le procureur général ukrainien Andriï Kostine, ajoutant que dix personnes avaient été tuées et 50 autres blessés.
Sur le front, les coupures de courant se faisaient aussi sentir, obligeant les hôpitaux à travailler avec des générateurs de secours, tandis que les combats se poursuivent dans l'est.
«S'ils attendent de nous que nous tombions à genoux et que nous rampions vers eux, cela n'arrivera pas», a déclaré à l'AFP Oleksiï Iakovlenko, l'administrateur d'un hôpital de la ville de Kramatorsk.
«La direction de l'Ukraine (...) a la possibilité de régler la situation en satisfaisant toutes les exigences de la partie russe et de mettre fin aux possibles souffrances de la population civile», a répété hier, jeudi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
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La Russie, qui a justifié sa guerre par la nécessité de «dénazifier» et de «démilitariser» l'Ukraine qu'elle accuse de réprimer les populations russophones, a revendiqué fin septembre l'annexion de quatre régions ukrainiennes qui sont sous contrôle russe partiel.
Moscou a annoncé jeudi avoir distribué des passeports russes à plus de 80.000 habitants de ces quatre territoires ukrainiens, faisant d'eux des «citoyens de la Fédération de Russie».
Le procureur général d'Ukraine a de son côté fait savoir que depuis la reconquête le 11 novembre du nord de la région méridionale de Kherson, «neuf sites de tortures» avaient été «découverts» ainsi que «les corps de 432 civils tués».